Patrice Beray
Francia, poeta y periodista. Patrice Beray nació en 1956. Creó la revista en Toulouse Delta Noche Blanca estación. Actualmente es editor-editor de la página web de noticias Mediapart.
Formado en el negocio editorial, trabajando sobre todo con editoriales científicas y técnicas (CNRS Ediciones Eyrolles, IRD ...) como auditor corrector, corrector de pruebas editorial, autor de publicaciones. Miembro del grupo de investigación poética (Polart, París VIII). Autor de libros de poemas y estudios literarios (incluyendo Benjamin Fondane, au temps du poème, éd. Verdier, 2006, et Pour chorus seul – À Jean-Pierre Duprey et Claude Tarnaud, éd. Les Hauts-Fonds, 2013)."journaliste patrice.beray@mediapart.fr"
PATRICE BERAY es autor de:
Passagers de la nuit, poème. Atelier de l’Agneau/ Castor astral, 1982.
Nuit européenne, poème. Castor astral, 1984.
Une ville adossée à la mer, poème. Lèvres urbaines, 1986.
Les Jours sans relève, suivi de Toulouse, le 19 février, poèmes. Ubacs, 1992.
Benjamin Fondane : Le voyageur n’a pas fini de voyager, en coll. avec Michel Carassou, L’Éther Vague, 1996.
Benjamin Fondane, au temps du poème, Verdier, 2006.
Dessin de Damien MacDonald (2007)
NOCHE EUROPEA
el invierno en Amsterdam es un río azul
de negocios y de vidrieras
esta tarde un viento frío ha adormecido el mar
más blanco que un mar del Norte
y el gesto amplio del viajero es en vano
rápido como Cagney
en Calor blanco
yo imagino, solo, una ciudad portuaria que
agita mi pulso a ciento veinte pulsaciones por minuto
yo imagino
los templos chocando con orillas marrones
que mi voz
rota
ya no alcanza los micrófonos de la noche
las luces en mi cabeza indican
en los puños rotos de las ventanas
que el viaje del arco iris ha hecho una curva
bajo un cielo de granito
lanzando las bases de mi presencia
alucinada
en los sanatorios del ritmo
esta mezcla de imágenes y mapas
este comercio de horas desnudas frente a las especies
de extractos de raíces
esta frotación de la sangre
entre Punk y gigoló de Todo-París
o en la fauna de Moscú la maiacovskiana
me hacen decir que los caminos interiores
han alcanzado los bulevares de coral de una Metrópolis
del Norte
el invierno ha roto las ventanas
la nieve ha cortado los puentes sobre las ciudades
el pájaro de las tempestades dio vuelta la fiebre amarilla
hacia las costas africanas
la Pan American ya no realiza sus vuelos regulares
interestelares
la seria Belleza sin el misterio de las novedades
yo estoy casi aburrido
yo imagino que no tiene importancia
[Calor blanco, "White Heat", película de 1949, con James
Cagney. En francés se la llamó L'Enfer est á lui. Ah, en la Ar-
gentina se la bautizó "Al rojo vivo".]
PASAJEROS DE LA NOCHE
(OBERTURA)
Cerca de las estaciones, canales y bulevares se enredan
hasta las periferias anaranjadas de la noche naciente.
Yo vengo de una ciudad destruida y me oriento entre las
lumbres del sueño, de la víspera.
Yo conozco el sustituto del viaje; amo esta profunda
turbación entre los seres; también vivo en la sombra
de aquellos que amo.
Soy un actor provisorio en la labilidad del tiempo.
Esta tarde, nada me está esperando. En ninguna parte.
Detallo con los dedos los ángulos finos de mis ropas.
Escribo cartas. Vuelvo a pegar la ciudad, una ciudad
imprevisible, un mapa de agua y de silencio donde se
difumina mi fiebre, donde brotan los gritos con cuchilla
de mis suicidios.
Los poemas de Patrice Beray provienen de Jean-Yves Reuzeau: French Poets of Today. Guernica, 1999.
http://inutilesmisterios.blogspot.com.es/
Poèmes de l'air (Patrice Beray)
Barque de poussière menée d’un doigt,
et tu dis aimer, pour commencer
Bien sûr, l’eau jaillit des mains,
l’écorce saute.
l’aile est dans la chute
les feuilles, couleur ciel
le plomb dans la visée.
Ce qui sépare les mots est là,
dans ce rayonnement aveugle.
*
Longuement le téléphone résonne sur les murs.
L’onde se propage dans le soleil et si j’écoute,
un filet de voix se perd dans le silence.
Le soleil aujourd’hui, la pluie d’hier, le vent d’alors,
tout résonne dans le creux du visage
et il fait bon fermer les yeux sous ces ailes géantes.
Je ne sais plus
l’heure et quels sont ces pas
sur le sol invisible.
Les marées montent ou descendent au gré des fenêtres.
Pupilles où grossissent des larmes, celles
que je n’entends plus et que le silence piétine
de ce côté des murs.
Les mains palpitent au contact de l’air.
La brume s’évapore lentement au-dessus d’une ville adossée
à la mer.
D’ici, dans les glaces où se brise l’océan,
des strates grises se soulèvent en volute le long des façades.
Les échos deviennent pénétrants comme du verre.
Et dans la clarté irisée, la chair se décolle, s’ouvre
au soleil jusqu’à l’étourdissement.
*
Les matins encore gonflent les places.
Incandescence imaginée aux creux des
corps.
Je vois. Ce que je vois s’effrite.
Écorces de cendres.
Une sorte d’effondrement interne
de la couleur.
La Maison de l'air
Je n’habite plus à la Maison de l’air sur le coteau, tout près de cet étrange portique dressé à la rencontre des rues Piat et des Envierges, au-dessus du Jardin de Belleville. Certains jours, quand j’y pense, je l’idéalise pour rire, cette charpente métallique où siffle le vent, à la manière d’une œuvre conceptuelle, forcément dédiée à une hypothétique mémoire des lieux ; d’autres fois, je n’y vois plus sûrement, selon l’expression consacrée des architectes, que les « fers de l’espoir » des constructions laissées en plan à peine sorties de terre, dans l’attente d’événements propices. L’endroit forme une terrasse sur Paris des plus déconcertantes, où il y a foule pour assister au spectacle des feux d’artifice les soirs de 14 Juillet, où plus tard encore la nuit tout entière se pare de ce fleuve de lumières.
De vie en ville pourtant, je n’imagine pas de condition plus enviable que celle de locataire temporel à la Maison de l’air. Y quêter le moindre signe sur les visages, cela signifierait déjà considérer les autres dans une position que l’on pourrait qualifier de « paysage », les yeux tout en lignes de fuite vers l’intérieur, comme un horizon de pensées dans lequel on n’entrera jamais.
La fallacieuse expression de « signes extérieurs » renseigne bien sur la nature insensée, incongrue, de ce rite de passage : de ce point de vue éthéré, il n’est rien que l’on puisse tenir pour acquis, toute chose signifiante en soi ne l’est, ne le demeure, qu’au travers de la perception que l’on s’en fait dans le moment ; tout n’est que pensée, tout est pensé, c’est-à-dire que tout existe en chacun et partout et meurt de même l’instant d’après si l’on n’y prend garde.
Souvent je me demande à quoi je pourrais bien cesser de penser. Mais c’est tout à fait inutile. Mes pensées sont déjà ailleurs, reviennent invariablement à cette représentation obsédante qui trône sur ces hauteurs, comme un tic à la place du visage. Elles s’engouffrent dans le paysage de cette béance urbaine où elles m’enchaînent à leurs présences fantomatiques, comme si en elles pouvaient secrètement s’affronter, puis se délier l’enfance et la destinée. Ce qu’elles veulent, c’est cela que je veux maintenant, caressant la toile des images sans que la mort en son centre ne se précipite ni ne m’aveugle, délivrant leurs motifs, si étrangement immobiles l’instant d’avant, sur une ligne d’ombre qui se teinte de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel en tombant, par-delà la cime des arbres du Jardin de Belleville en contrebas, sur les immeubles de façade des avenues, où s’agite le poignet des places nerveuses.
Lentilles écloses à la surface d’un fleuve innommable et plein de vie, sans ces pensées errantes, je le sais, je ne parviendrai plus à me représenter la Maison de l’air, ce symbole de pauvre, ni les rues quasi effacées de toute mémoire où elles sont les premières, ces vues sans prise d’aucune sorte sur le réel, depuis ma venue en ce lieu, à être promises à ce sacrifice entre les doigts écartés des rayons de soleil.
Patrice Beray
Dessin de Damien MacDonald (2007)
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