LAURENT BOUISSET
(Francia, Lyon,1981) Autor de ensayos y poemas, publicados en revistas de tiraje mensual (Francia y Canadá) en papel y en línea. Próximamente también culminará una novela cuyo título tentativo en castellano es Yo no debería estar aquí.
En su blog (fuegodelfuego.blospot.fr) presenta desde hace tres años su trabajo poético (escrito y audiovisual), también es un carrefour cultural entre América Latina y Francia.
Por cierto, cabe destacar que fuegodelfuego.blogspot.fr es uno de los raros espacios literarios donde se rastrea y se le da continuidad desde el viejo continente (con traducciones francesas incluidas y un trabajo de difusión) a jóvenes autores centroamericanos.
Poema cosido
La mirada de un puerto sin luna avanza bajo la piel y sueña con la avanzada,
en un caldo de manos,
de una luna arañada por las uñas tiradas de un saxofón húngaro
que parecería, por si mismo, divisar un puerto sin luna donde la rabia de los sueños reventados,
donde la cólera de colores desaparecidos y la locura del viento en los mástiles
atizarían el grito de espanto lanzado por el agua ante la vista de un muchacho colgando del mástil
cuyos ojos pálidos recibirían en reflejo el extravío de ese corazón mexicano emigrado y pronto herido,
por el fascismo cobarde y la educación remisa de un poli europeo apoltrado sobre un código a destripar, el que,
bajo la luna llorando retornada,
brega para rebanar el hilo,
acusando la identidad sospechosa de un Indio despoblado de sueños y devastado.
Marsella, 27 de mayo 2013
(Traducción al español de Anabel Serna Montoya y José Manuel Torres Funes)
Junto a los lobos
(traducción de Alba-Marina Escalón)
Para Antoine Volodine
&
Yannick Thiriet
Lo que quisiera
Si
Sostenerme
Justo en el instante
En el lugar exacto de mi muerte
Desnudo totalmente
Vacío de palabras
En el umbral
Allá
En el aura fría
Junto a los lobos
Pasa en mis ojos la soledad de un cometa
Mojada
Mi frente
Al fin
De tinta
Verdadera
Un segundo
No más
Si
Sostenerme
Allá
No es
Entiéndanme
Que esté
Hastiado
De vivir
Al contrario
No es que
La existencia
Me repugne
Bueno claro que sí
En general
Pero qué importa
Debo ser de aquellos
Que son tan locos
Para atizar
Esa repulsión
Hasta volverla grito
Muy poco me importa
Por cierto
Que ese grito
Se llame revuelta
Deleite
Dolor
Angustia
Paz
Guerra
Mientras que sepa salpicar
El lienzo
De esos colores
Tan amenos
Parecen casi por instantes cabelleras
Es primavera por eso
Marsella se enllovizna
Y el perfume
De las chicas
Combina con la herida
Darían ganas de tenderse
Pero no
Pero qué importa
De veras
Sí que eso
Ese grito
Se llame
Saqueo
Abrazo
Felicidad
¿Qué le cambia eso a la urgencia
Que tengo
De sostenerme
Justo en el instante
En el lugar exacto de mi muerte
Junto a los lobos?
No es que quiera
Acabar con todo
No
De veras no
Mejor en vez de proyectar
Crudamente
Hasta con violencia
Si no hay más remedio
Lo que ya no me queda
De tiempo
De vida
Lejos de aminorarme
De dejarme
Sobre la lengua
Un impreciso sabor a ceniza
Pienso me ayudaría
De veras
Sí
Con aplomo
Ira
Valentía
A decidir
Qué
Cuál ya no debe de ser
No
Cuál no nunca más nunca
No
No será
MI VIDA
Tan querida
Torso desnudo
En el umbral
LO JURO
JUNTO A LOS LOBOS
Cuál no nunca más nunca
No
Será
MI VIDA
Tan querida
En su sublime
Sacudir
Avec les loups
Pour Antoine Volodine
&
Yannick Thiriet
Ce que je voudrais
Je crois
Oui
Me tenir
Pile à l’instant
A l’endroit même de ma mort
Nu complètement
Vide de mots
Sur le seuil
Là-bas
Dans le vent froid
Avec les loups
Passe dans mes yeux la solitude d’une comète
Baigné
Mon front
Enfin
De l’encre
Vraie
Une seconde
Pas plus
Oui
M’y tenir
Là-bas
Non pas
Comprenez-moi
Que je sois
Las
De vivre
Bien au contraire
Non pas que
L’existence
Me répugne
Enfin bien sûr que si
Dans ses grandes lignes
Mais peu importe
Je crois être de ceux
Assez fous
Pour l’attiser
Cette répulsion
Au point d’en faire un cri
Très peu m’importe
D’ailleurs
Que ce cri-là
S’appelle révolte
Jouissance
Douleur
Angoisse
Paix
Guerre
Tant qu’il sait faire fuser
Sur la toile
De ces couleurs
Si agréables
On dirait presque par instants des chevelures
C’est le printemps alors
Marseille s’embruine
Et le parfum
Des jeunes filles
Se mêle à la blessure
On aimerait s’étendre
Mais non
Mais peu importe
Vraiment
Oui que cela
Ce cri
Se nomme
Saccage
Etreinte
Bonheur
Qu’est-ce que cela change à l’urgence
Que j’ai
De me tenir
Pile à l’instant
A l’endroit même de ma mort
Avec les loups ?
Non pas que je veuille
En finir
Non
Vraiment pas
Bien plutôt qu’envisager
Crûment
Avec violence même
S’il le faut
Ce qu’il ne me reste plus
De temps
A vivre
Loin de m’amoindrir
De me laisser
Sur la langue
Un vague goût de cendre
Je pense m’aiderait
Vraiment
Oui
Avec aplomb
Rage
Détermination
A décider
De
Quelle ne doit plus être
Non
Quelle non jamais plus jamais
Non
Ne sera
MA VIE
Si chère
Torse nu
Sur le seuil
J’EN FAIS LE VŒU
AVEC LES LOUPS
Quelle non jamais plus jamais
Non
Ne sera
MA VIE
Si chère
Dans son sublime
Cahotant
San Juan de Chamula, Chiapas, Mexique, été 2009
Le bord exact de la combustion
Un battement de cil à peine
Le cliquètement fugace d’un briquet
Et elle est là
-
Elle est là loin
-
Très loin de se laisser anéantir par le cyclone vorace
Des gens autour
Fumée chants cris les rires
Les crânes barbares furieusement entrechoqués comme des verres
Tout cela maintenant n’existe plus
-
Elle a consumé tout
Apparaissant
Même l’horizon
-
Ou plutôt non
Disons qu’apparaissant
Elle a ensommeillé
-
D’on ne sait où vraiment jaillie
Une eau se verse
Entre vous deux
Limpidement
Tes yeux
Vers elle
Y vont
Maintenant
Lancer un voilier
-
Ce voilier-là
Ses cils revêches
Ne l’accueillent pas avec douceur
Ce voilier-là
Ses yeux de louve
Le déchirent même
Le déchiquètent
L’envoient sombrer quelque part loin
Dans les tréfonds d’obscurité du comptoir lourd
-
Loin de te refroidir
Ce carnage-là
Je crois bien oui qu’on peut le dire
T’a attisé
A elle maintenant
-
A elle maintenant d’aller jeter une pirogue
Subtile
Discrète
Presque en papier
Cette pirogue si pleine de grâce
Et dérivant fragilement
A la surface muette des eaux
Tes yeux s’en bâfrent
Animalement
-
Vous voilà ainsi donc rendus au bord
-
Au bord exactement de l’imprudence
-
Vous pouvez parfaitement plonger
Maintenant
Plonger très fort
D’une tête une seule
Et déserter l’attente
Vous pouvez parfaitement aussi rester
-
Lointains longtemps
De part et d’autre de cette eau
A l’explorer avidement
-
Egalement encore tout suicider
Bien sûr
Reprendre vos yeux comme si de rien n’était
Et repartir
Maintenant seuls
Seuls et rongés magnifiquement par le fantôme d’un même regret
-
Mais ce serait mentir
Que dire cela
Dire que tous deux
A l’heure qu’il est
Avez encore le choix
-
L’instant s’est maintenant gorgé de lave
Gorgé de lave jusqu’à craquer
-
Une seconde
Un siècle au moins
Que plus un seul de vos gestes ne dépend
Que plus une seule de vos pensées n’infléchit plus du tout
Le cours
-
Une seconde un siècle au moins que l’issue même de la nuit est arrimée
C’est tout
Seulement
Avant toute chose
Au mouvement ou non d’une planète
-
Lointaine
-
Brûlante
-
Au bord d’entrer précisément
A cet instant
Avec une infinie lenteur
Silencieusement
En combustion entre vos doigts
Jocotenango, Guatemala, le 15/07/10
Un sourire vrai
Pour mes amis guatémaltèques
A une valeur
Cette photographie
Que mentalement
Du grand volcan
Je suis en train de développer
Parce que justement elle n’a rien d’immortel
Parce que la conscience totale
Que l’impression de ma mémoire
Et à jamais toujours
S’avèrera
Insuffisante
Et que je la sais s’en allant
La presque infime moustache de brume
Tenant caché
Le haut secret du grand cratère
Et que je le sais volatil
Le caféier
Que je la vois gonflée de nuit
Cette prairie imperturbable
Mourante son eau
Mourants ses arbres
Que je le vois liquide et beau
Et s’éteignant
Le cheval brun
Au loin
Paissant
Parce que cette conviction intime que rien ne tient
Jamais
Qu’à un ruisselet bleu
Que je me sais
Moi
Comparable
A cet instant
A la plus petite cendre en fuite
Au bout fini de ma toute dernière clope
Parce que cela tout cela oui je l’ai perçu
Profondément
Sur un cheveu
Que m’est venue l’envie
Soudain
D’un sourire vrai
Face au volcan
Une heure ou deux
M’éternisant
Jocotenango, Guatemala, le 15/07/2010
Là
Pesamment là
Là bruyamment
Dans l’attente d’un mauvais
Conseil
Pesamment là
Là bruyamment
Dans l’attente effrénée
D’un vers
Assez fou
Sur le champ
Pour m’arracher la tête
Rapide
Léger
Violent
Dribbler entre les flics
Sans la moindre pitié
Du haut d’une tour
Aller tirer un penalty
Avec
Là dans l’attente d’un coup de pied au cul
N’importe lequel
Téquila
Punk rugueux
Décharge
Tout ça oui fort
Féroce
En flammes
Et qui m’arrache
Et sur le champ
Me shoote
Un corps d’anguille
Et m’éjacule cent ans plus tard
Cheveux dressés
Ventre fumant
Plein cœur de braise d’une mêlée sauvage
Faite de gens échevelés
Canines en sang
Tous
Résolus à en découdre
A FISSURER TOUS LES THEATRES
A TEMPETER CONTRE LA NUIT
Pesamment là
Là bruyamment
Dans l’attente d’un réveil
Idiot
San Francisco, Californie, août 2009
La route du couchant
Plus de vitre à désembuer
Demain
Plus d’aube à fendre
Toute chose baigne
Et meurt
Auprès d’une eau paisible
L’aurore s’estompe
La fumée boit
Sereinement les bracelets
De carapaces
Ont pris la route du couchant
San Francisco, Californie, août 2009
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