viernes, 29 de abril de 2016

MARLÉNE RIGAUD APOLLON [18.565]


Marlène Rigaud Apollon

Nació en el Cabo Haitiano el 23 de mayo de 1945. Se fue de Haití en 1964 para establecerse, primero, en Nueva York, y luego, desde 1967, en Baltimore. Titular de una maestría en Professional Writing, ha enseñado lengua y literatura francesas a nivel primario, secundario y universitario. 

Oeuvres principales:

Poésie:

Cris de Colère, Chants d’espoir. Montréal: CIDHICA, 1992; Boca Raton: Marlène Rigaud Apollon, 2007.
I Want to Dance. Baltimore (Maryland): American Literary Press, 1996.
Si je n’avais que des regrets. Paris: St Germain-des-Prés, 1997.
The Moon’s a Banana, I am me. Baltimore: Marlène Rigaud Apollon, 1998.

Livres éducatifs pour les jeunes:

Haiti Trivia (français, créole, anglais). Coconut Creek (Florida): EducaVision, 1998.
Haitian Art Trivia (créole, anglais). Coconut Creek: EducaVision, 2002.

Biographies:

Elle s’appelait Elizabeth: L’histoire de Mère Marie Lange et sa traduction en anglais, Her name was Elizabeth: The Story of Mother Mary Lange. Baltimore: Marlène Rigaud Apollon 2002.
Louis Mercier, À la Reconquête de l’Idéal haïtien: Une voix d’hier pour aujourd’hui et demain. Boca Raton: Marlène Rigaud Apollon 2007; 2008. Traduction en anglais: Louis Mercier, To Reconquer the Haitian Ideal: A Voice from Yesterday for Today and Tomorrow.Boca Raton: Marlène Rigaud Apollon, 2008.

Essais:

Pour l’Amour d’un pays (recueil d’articles sélectionnés de sa rubrique, « Le Coin de l’écrivain Marlène Apollon » pour Haiti Online). Boca Raton: Marlène Rigaud Apollon, 2007.
Articles parus dans « Le Coin de l’écrivain Marlène Apollon » pour Haiti Online (1998-2001) : « Being Haitian in America, a question of identity: A view from the panel ».(July 1998); « Vertières ! Et puis après ? » (November 1998); « Haïti: Quantité négligeable ? » (December 1999); « Quelles étrennes pour l’an 2000 ? » (January 2000); « La fin d’un rêve » (January 2000); « À chacun son rêve » (January 2000); « Les cassettes ne se mangent pas » (February 2000); « Accentuer le positif » (March 2000); « Mourir loin de chez soi » (March 2000); « La peine des autres » (March 2000); « Nous n’avons pas de bouche pour parler » (April 2000); « La mort dans l’âme » (May 2000); « Le prix de la Haine » (May 2000); « Un tout petit rien » (May 2000); « Restavèk : Une nouvelle honte pour Haiti ? » (June 2000); « Les yeux sur le Prix » (June 2000); « Nuits noires » (July 2000); « Une goutte d’eau dans la bokit » (September 2000); « Pour l’amour d’Haïti » (October 2000); « L’avenir. L’avenir ? » (January 2001); « À l’ombre d’un manguier en fleurs » (February 2001);



Versión al español de
Cristina García, María García y Alejandro Múnera


Ellos vinieron

Vinieron no para criticar, censurar o imponerse
sino para simpatizar, comprender y escuchar.
Vinieron para reparar, curar y apoyar.
Vinieron para no alejarse más
Y, poco a poco, olvidando todo rencor,
Costado a costado con sus hermanos y hermanas
Reconstruirán la tierra legada por sus ancestros comunes
Y la tierra será buena para ellos y para su progenitura común.

Tomado de Cris de colère, Chants d’espoir



Mundos

¿Cómo hablar de niñitas
Pómulos mofletudos, mirada risueña
Que tienen más juguetes de lo necesario
Pero quieren más, y más, y más?
Tengo el espíritu lleno de niñitas
Pómulos ahuecados, mirada perdida
Que no tienen por juguetes más que piedras
Y polvo, más de lo necesario.

¿Cómo hablar de niñitos
A los que no les gusta esto, que no quieren lo otro
Y que les echan a los perros su comida
De vez en cuando, cuando se les antoja?
Tengo el espíritu lleno de niñitos
Que nunca tienen buenas cenas
Y comen lo que encuentran
De vez en cuando, cuando tienen suerte.

¿Cómo hablar de jóvenes
Pluma Parker, libros empastados,
Que acumulan pieles de asno
Toda su vida, pues es su destino?
Tengo el espíritu lleno de jóvenes y viejos
Que no saben leer ni escribir
Y firman “X” en los documentos
Toda la vida, pues es su destino.

¿Cómo hablar de esta felicidad
Hecha de abundancia de tantas cosas
Día tras día hasta el infinito?
Tengo el espíritu lleno de este desamparo
Hecho de muy poco de demasiadas cosas
Día tras día hasta el infinito.

Tomado de Cris de colère, Chants d’espoir




En el país de los sueños y de las mentiras

En el país de los sueños y de las mentiras
Ni un solo gato vagabundea por la noche
Y cuando viene la mañana,
Los murciélagos se metamorfosean
En cadáveres de jóvenes.

En el país de los sueños y de las mentiras,
El concierto nocturno de los sapos y de las cigarras
Ha sido reemplazado por el de los petardos y las ráfagas.

En el país de los sueños y de las mentiras,
Se duerme con un ojo abierto y un ojo cerrado
Y con el corazón latiendo, latiendo a punto de estallar.

En el país de los sueños y de las mentiras,
Las madres ya no cantan «Duerme, chiquito, cangrejos en el calalú»
Porque los cangrejos se comen a los niños en su sueño.

En el país de los sueños y de las mentiras,
Lo que los ojos ven,
La boca no se atreve a contarlo.

En el país de los sueños hechos mentiras,
Y de las mentiras hechas Verdad a fuerza de ser repetidas,
Lo inimaginable es ahora lo ordinario.

En el país de los sueños hechos mentiras,
Lo único real son la miseria y la muerte
Que, lentamente, ahogan la esperanza.

Y el mañana se queda en veremos.

(Junio de 1994)




Au pays des songes et des mensonges

Au pays des songes et des mensonges,
La nuit, pas un chat ne rôde
Et quand vient le matin
Les chauve-souris se métamorphosent
En cadavres de jeunes gens.

Au pays des songes et des mensonges,
Le concert nocturne des crapauds et des cigales
A fait place à celui des pétarades et des rafales
Au pays des songes et des mensonges,
On dort un œil ouvert, un œil fermé
Et le cœur battant, battant à éclater.

Au pays des songes et des mensonges,
Les mères ne chantent plus «Dodo, titit, krab nan kalalou»
Car, aujourd’hui, les crabes mangent les petits enfants
Dans leur sommeil.

Au pays des songes et des mensonges,
Ce que les yeux voient
Ce que les oreilles entendent
La bouche n’ose répéter.

Au pays des songes devenus mensonges,
Et des mensonges devenus Vérité
A force d’être répétés,
L’inimaginable est désormais l’ordinaire.

Au pays des mensonges devenus Vérité
Il n’y a de réel que la misère et la mort
Qui, lentement, étouffent l’espoir
Et demain reste en veilleuse.



Le plus supérieur des deux... 

La supériorité des uns 
Me ferait rire aux éclats 
Si elle n'était si désolante

Monsieur Kesedio 
Se rengorge sur le siège arrière 
De sa voiture dernier cri, 
Les yeux fixés ferme 
Sur la nuque de son chauffeur en livrée blanche. 
De temps en temps, 
D'un mouvement chorégraphié, 
Il tourne un regard hautain vers la rue 
Pour voir qui le voit. 
Et il se rengorge. 
Il n'est pas n'importe qui.

Madame Kesekwette 
Se pavane sous les lumières pareilles au jour 
De sa salle de bain grande comme quatre taudis, 
Et aux murs tapissés de miroirs à multiples panneaux 
Elle se lisse soigneusement les cheveux. 
-Un simple coup de pouce à Ia nature  
Les racines sont bonnes, grâce à Dieu  
et à la grand-mère blonde aux yeux pers  
Dont la photo est bien en évidence au salon.  
Et elle se pavane. 
Elle est de bonne souche.

Mademoiselle Kesediole 
Pousse les hauts cris 
Elle rouspète, tape du pied, 
Menace de renvoyer dans les mornes d'où elle vient
Cette petite bonne, cette insolente 
Qui a osé, quel toupet! 
-Ces gens-là ne connaissent plus leur place - 
L'interpeller par son prénom non précédé de «Mademoiselle». 
Et elle pousse les hauts cris 
Elle est supérieure.

La supériorité des uns 
Me ferait rire aux éclats 
Si elle n'était pas si désolante.




Femmes d'eau

On les rencontre à la fontaine 
Quelques-unes s'en retournent déjà 
Calebasses ou bidons de fer-blanc pleins à ras bord sur la tête 
L'eau s'en échappe par à-coups 
Et s'insinue espièglement sous leurs robes 
Qu'elle imbibe du dedans et leur plaque sur le corps 
D'autres font le plein 
- Qui aux trois bouches d'eau 
Bras bandés, jambes écartelées pour parer au plus lourd 
Qui à même le bassin d'écoulement 
A genoux ou accroupies 
Les mains en coupoles retournées pour faire double vaisseau 
D'autres enfin attendent leur tour 
Une cuvette ou une bokite «calebossées» aux hanches ou 
Sous le bras 
Elles battent de la bouche ou se chamaillent 
Pour passer le temps 
Et reprendre de l'élan pour le dur «rallez-route» du retour.

On les rencontre à la rivière 
Quelques-unes font leurs ablutions 
Nues jusqu'à la taille 
Telles des Vénus d'Afrique aux seins riants 
Imperméables aux regards goguenards ou choqués 
D'autres assises sur la rive sur leurs jupes modestement assembleés 
En plis serrés 
Genoux pointés vers le ciel, cuvette entre les jambes 
Frottent rageusement drap, serviette ou sous-vêtement d' homme 
Puis d'un geste décidé de leurs mains habiles 
En font gicler l'eau savonneuse.

D'autres enfin étendent leur linge 
Sur des branches d'arbre ou à même les cailloux de la rive 
Pour que le soleil fasse son travail de sécheuse et de 
«blallisseuse» 
Elles chantent ou fredonnent 
Pour passer le temps 
Et reprendre de l'élan pour le dur «rallez-route» du retour.

On les rencontre jour après jour 
Et pourtant elles ne sont ni nymphes ni sirènes 
Ces femmes et filles d'eau de mon Tiers-Monde. 

Cris de colère, chants d'espoir (1992) 
  




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