Marie Flore Domond
Nació en Jacmel, Haití a principios de un verano de los años 60. Ha publicado, entre otros: Écrivain en résidence [Escritor en residencia] (2004) y Perle noire [Perla negra] (2006). Trabaja una escritura surplureal.
Versión al español de
Cristina García, María García y Alejandro Múnera
Obra de amistad
Lo siento por los parámetros de impotencia
La juventud alterada
La fecundidad suprimida
Que no sabré reactivar
Para ofrecerte para el final
El mejor de nuestros sueños despiertos
Te propongo mi amistad sin vacilar
En estado puro
De verdad,
Sabré llevarte a lo maravilloso de lo cotidiano
La simplicidad de las palabras surgientes
De las palabras actuantes
De las palabras desarmantes
E incluso enloquecedoras
Pero jamás deprimentes
Extenuantes…
A gran título de nuestra amistad
En el territorio de la corona del norte
Con los ojos extasiados
Por el esplendor del arcoíris
Me confiaste rápido
Un poder clandestino
Ese poder sin autoridad
Sin frecuencia
Ni semilla
Sin pepas
Siquiera de esperanza
Privada de juramento
Tan pronto conferido
Tan pronto fijado
Tan pronto congelado
Tan pronto mostrado
E hipotecado
No sabré usarlo…
Te ofrezco una segunda vez
Mi fortaleza construida a medida
El compromiso sagrado
De la alegría de vivir
Un pedazo de paraíso
Pero es también
Mi última promesa
Privilegiada
Protegida
Humanizada
Hasta ahora sin fisura
Sin grieta
Ni astilla
Este juramente
De mi reino de emoción
Mi imperio de baño desnudo
No lo rechaces
Al borde de lo irreparable
De la división mayor
Llena de exigencias
Si tienes que preservar el ritual de nuestro cariño
Te confío este poder inaudito
Ya que toca renunciar a la dimensión
Abstracta del realismo
El poder de los sueños delirantes
Tengo el poder auténtico
Mi materia artesanal
Ágil y eficaz
El poder de la lealtad
Este poder de lo vertical
Concebido horizontalmente
Que puede acabar con
Todo poder recreativo
Consumible
Equívoco
Poder mudo
De cegar
Poder cojo
El poder de obstaculizar
El poder débil
De proporción inofensiva
Para construir y acabar nuestra historia de amistad
Toca extraer lo masivo
Del poder frágil
El poder desvanecido
Reforzar el poder de influencia
Y unirnos al poder infinito.
Juntos poseeremos
El poder del deseo inspirador
Ese poder idéntico
Para una obra magistral
El poder del gran placer
Y de la beatitud.
Tomado de Actes de foi
Récipiendaire du Grand Prix Littéraire 2003 de l'Association Haïtienne des Ecrivains, Marie Flore Domond compte parmi ses oeuvres inédites Perle Noire — Anthologie haïtienne de poésie féminine et Bienfaits de la chose écrite (études critiques). Elle est née à Port-au-Prince (Haïti) au début d'un été des années 60, d'un père Jacmélien et d'une mère originaire de Miragôane.
B I J O U X D E N A T U R E
Sur une île mystérieuse des Antilles enchantées
de me yeux extasiés d'un éclat de beauté
et mon cœur emballé passionné auréolé d'amour
j'ai surpris d'un seul coup les merveilles de la tombée du jour
Le reflet scintillant d'un coucher de soleil
reluisait encore sur le bleu saphir de la mer
des vagues de faux rubis roulaient sans cesse
jusqu'à l'extrémité de la rive de perles
encerclée de coquilles diaprées
de ces écumes dentelées d'argent pur et fragile
Les flots métalliques cabrés déposaient pourtant avec grâce
des lopins d'émeraude qui se cristallisaient aussitôt
sur le sable opale
au-dessus du bleu azuré et satiné du ciel clément
flottaient des ouates de nuages en taffetas et mille autres étoffes
A l'Occident
un alliage de topaze
et d'autres pierres précieuses empourprées
s'infiltraient le long des horizons
s'éparpillaient en de f i n e s t i g e s d'o r
jusqu'à se perdre au tréfonds de l'océan
par une douce fantaisie des ombres du crépuscule
mais sertis de diamants roses
pourtant exposés sur du velours cuivré
Emportée par la brise
l'odeur agréable des fleurs prestigieuses
aux arômes de lilas de jasmin et marguerite
s'élevait lentement au-delà du firmament
puis se volatilisait en parfum de lune
pour charmer encore une fois des rêveurs
Comme moi
LES FLOTS DE LARMES VERSÉES
SUR MA TERRE NATALE
J'ai vu le jour sur l'étendue de ta plus belle saison
à l'époque où ta fraîcheur rehaussait encore
la splendeur des champs, des rives et collines
vêtue d'une parure enjouée,
tu charmais du soir au matin
tous ceux qui courtisaient ton paysage
Le firmament presque toujours bleu limpide
observait jalousement ton allure
jusqu'au coucher flamboyant du soleil
Souvent
la lune et les étoiles scintillantes se bousculaient
pour éclairer tes multiples sillages
tes brises saisonnières ont guidé mes pas
dans les jardins embaumés de tes fleurs capricieuses
tu m'as vue courir à travers tes sentiers paisibles
tu m'as entendue répandre des cris qui t'ont fait frémir
tu m'as vue grandir aussi
par lassitude
je t'ai tourné le dos
pour poursuivre d'autres buts à la recherche du mieux être
Là-bas
je t'ai niée, ignorée, méprisée !
Combien de fois me suis-je donc révoltée pour critiquer
ta petitesse, ton insignifiance offensante, ta passivité
tes grands espoirs sans lendemain
Ô ! Chère Haïti : Perle de toutes les Antilles
malgré tous ces blasphèmes
j'ose encore revenir
abuser de ton hospitalité
et tu m'ouvres une fois de plus tes naïfs bras sans méfiances
comme si tu attendais depuis longtemps
que je revienne poser un regard songeur
sur ta frêle silhouette décadente
par ton accueil toujours chaleureux et insouciant
je frissonne de tristesse
je suffoque de remords
et des flots de larmes parcourent mon visage
jusque sur ton sol aride
LE PARADIS PERDU
DANS LES CARAÏBES DÉPAYSÉES
Villes de misère
quartiers populaires
impasses de poussière
corridors d'enfer
Vie de tension et de colère
dans ce pays de chimères
point de sourire-éclair
miroitant les dents éclatantes de blancheur
Rien que la peur
qui paralyse la bonne humeur
dans les rues
circulent les rumeurs
les citoyens en sueur
se racontent leur vécu d'horreur
se discutent leur calvaire
quand ils sont d'avis contraire s'injurient et se regardent de travers
leur regard menaçant de fureur
Où sont passés les témoins oculaires
ont-ils fait marche arrière face à leur malheur ?
N'ayez crainte
ils s'accrochent à leurs prières
pour obtenir chacun leur part
de la vente aux enchères de ma PATRIE
terre d'Haïti autrefois si fière.
LE COQ SACRÉ
Le mystérieux paysan
tient fort dans ses mains
son ami
sa raison
sa passion
son gagne pain
qu'il entretient à coups de clairin
de grains avec entrain
il lui murmure à l'oreille
plein de baratins
pour le rendre plus malin
demain
ce sera sa fierté sur le terrain
quand il ira se mesurer devant les copains
loin, très, très loin
au bord d'un ravin
en face de son jardin
L'adversaire ferait mieux
de se préparer
les éperons aiguisés
la tête élevée
les yeux presque toujours protégés
mais bien avisés
le duel sera amorcé
la foule excitée
une ambiance à tout casser
chacun voudra gagner
certains penseront même à tricher
après avoir tout misé
s'il se fait agresser
la volaille apprivoisée
aura sans doute un repos bien mérité
MAGIE TROPICALE
Là-bas sous les tropiques
l'ambiance est féerique
la musique énergique
le soleil authentique
pour les rencontres publiques
les femmes créoles magnifiques
leur cadence tonique
au sourire angélique
leur accueil pacifique
autour des décors en briques
ornés de peintures fantastiques
Au loin
les mornes épiques sont d'ailleurs excentriques
même couvertes de nuages mélancoliques
Hum ! climat exotique
atmosphère frénétique
m'inspirant des élans poétiques
AUX COUPEURS DE CANNE
Je vous salue
amants de la plantation
pour vos combites joyeuses d'antan
vaillants gars des champs
aux mains calleuses et laborieuses
Vous
qui assuriez l'avenir du monde agricole
Je vous salue
passionnés cultivateurs
Vous
les ravis
les enjoués d'autrefois
qui braviez sans crainte au matin
des hectares peuplés de canne à sucre
et qu'au soir
vous vainquiez à coups de machettes
de chants folkloriques
de tafias puisés à même de ce fruit de vos labeurs
pour l'honneur national
Le jour de la crédulité
sans défense ni méfiance
sans armure ni bouclier
vous avez pris rendez-vous ailleurs
chez les imposteurs
où vous ne vous doutiez de rien
alors qu'ils pensaient tout prendre
pas même partager
voire donner
J'ai appris que vous vous faites exploités
maltraités,
méprisés sans pitié
comme des vulgaires coupeurs de canne à sucre
j'ai pleuré
j'ai prié
j'ai crié
j'ai même pensé à me sacrifier
mais le prix de mon sang indigné
serait-il suffisant pour vous délivrer
vous libérer à tout jamais ?
en attendant : JE VOUS SALUE !
POUVOIR INTÉGRAL
Compagnon de solitude
des nuits blanches paisibles
quelquefois à l'aurore
tu te fais expulser par la gorge irritée
B ruyant camarade
dans des fêtes champêtres
à la tombée du jour
tu surprends toujours
de ton ambiance tapageuse
confondue dans une odeur de cigarette
de tabac aspiré et de fumée pénétrante
Tafia
évocation du mal mais aussi du bien
frontière de la transcendance intégrale
d'une délivrance suspendue
ou d'un sort jeté
Liaison entre ciel et terre
des intentions malfaisantes
recours perpétuel des vœux de chasteté
ingrédients du rituel cérémonial des guérisseurs
aux arômes d'espérance
nécessité absolue de toutes festivités
passe temps des riches
consolation des pauvres
fantaisie d'ornements
RHUM BARBANCOURT !
boisson favori du plus grand guerrier des dieux
et des vaillants esprits
des redoutables protecteurs
puis des associés
et des alliés
alcool des moments de complicité
grog des occasions spéciales
patrimoine national d'un héritage ancestral
au goût franc de plaisir
à saveur de l'honneur assuré
.
No hay comentarios:
Publicar un comentario