viernes, 29 de abril de 2016

KETTLY MARS [18.578]


Kettly Mars

Nació en Puerto Príncipe y allí vive actualmente. Poeta en sus comienzos, posteriormente escribe cuentos y novelas. Sus principales publicaciones son: Feu de miel [ Fuego de miel] (poemas, 1997), Feulements & sanglots [ Rugidos y sollozos] (poemas, 2001), Mirage-hôtel (cuentos, 2002), Kasalé (novela, 2003 y 2007), L’heure hybride [La hora híbrida] (novela, 2005), Saisons sauvages [Temporadas salvajes] (novela, 2010), Le prince noir de Lillian Russel [El príncipe negro de Lillian Russel], en colaboración con Leslie Péan (novela, 2011) y Aux frontières de la soif [En las fronteras de la sed] (novela, 2012). 

Ha recibido numerosas distinciones literarias, entre ellas, el premio Jacques-Stephen Alexis de Novela (Haití) por Soleils Contraires [Soles contrarios] (1996); y el premio Senghor de Creación Literaria (Francia), por L’heure hybride.


Deriva en rojo (I)

Porque cada palabra esconde un fin del mundo
y la sombra hace más viva la luz
la bella vida de su herida roja
flamea en tristezas esparcidas
Un rojo exuberante hasta morir
un rojo para amar sin tomar aliento
para beber como un maravilloso veneno
El rojo de mi amor me quema así de fuerte

El flamboyán rojo en el silencio violento
fuego de júbilo o sacrificio sangriento
el flamboyán carnívoro chupa la sangre del verano
mi corazón también lo hace, manchándome
Somos como amantes voraces

Quién me dirá que no es bello llorar
quién me dirá que me entregue al instante bermejo
y por qué la sangre tenaz del verano renace
en el orgasmo del flamboyán

Un pétalo dos pétalos tres pétalos
rojo sangre rojo vulva rojo Ogou
Tú derivas hija mía, derivas y te enredas
alienado punto de guardia en el tiempo del flamboyán
La pasión es roja, roja e inquieta
exulta en el corazón del verano en caída libre

Y mi deseo sin vergüenza se me pega al cuerpo
omnipresente omnívoro hambriento de instantes multicolores
El rojo flamboyán reclama en mis venas lo debido
como los devoradores labios de un verano escandaloso.


Deriva en rojo (II)

a María, mi madre

María nosotras bebíamos el verano caníbal
en las primeras gotas de flamboyán
pequeñas hijas de inocencia perdida
poseídas por una temporada voraz
Un sol tras otro
un pétalo tras otro
los flamboyanes alzaban su festín de sangre
sobre alfombras de polvo y soledad
María cómo nos quemaba
esa sangre obstinada salpicaba nuestros morros
desde mayo en vapores escarlatas
hasta el jueves de corpus christi
vibrante como una colmena
Nos hastiaba hasta el cuello esa sangre
cuando llegaba julio y su río de magmas
María… María cómo latía la sangre exasperada
en todos los cálices de todas las mesas
donde cercenamos a Jesús sobre el altar de un verano de toba
María de quien soy sangre impura e imperfecta
María soy yo quien renueva con mi sangre
la fatal herida original
María madre de Dios ellos beben la sangre de tu hijo
en el sacrificio del flamboyán.


Cuadernos de Literatura del Caribe e Hispanoamérica • ISSN 1794-8290 • No. 18 • Julio-Diciembre 2013 • 257 - 345
Haití en femenino: Veintidós voces

Versión al español de
Cristina García, María García y Alejandro Múnera


Dérive en rouge (I)

Parce que chaque mot cache une fin
du monde
et que l’ombre rend plus vive la
lumière
la vie belle de sa blessure rouge
flamboie de tristesses éparpillées
Un rouge exubérant à en mourir
un rouge à aimer sans prendre souffle
à boire comme un merveilleux poison
Le rouge de mon amour me brûle si
fort

Le flamboyant rouge au silence
violent
feu de joie ou sacrifice sanglant
le flamboyant carnivore suce le sang
de l’été
mon cœur en fait autant, j’en suis
maculée
Nous sommes comme des amants
voraces

Qui me dira qu’il n’est pas beau de
pleurer
qui me dira de me livrer dans l’instant
vermeil
et pourquoi le sang tenace de l’été
renaît
dans l’orgasme du flamboyant

Un pétale deux pétales trois pétales
rouge sang rouge vulve rouge Ogou
Tu dérives ma fille, tu dérives et
t’emmêles
point de garde fou dans la saison du
flamboyant
La passion est rouge, rouge et
mouvante
elle exulte au cœur de l’été en chute
libre

Et mon désir sans aucune honte me
colle au corps
omniprésent omnivore affamé
d’instants multicolores
Le rouge flamboyant dans mes veines
réclame son dû
comme les lèvres dévorantes d’un été
scandaleux


Dérive en rouge (II)

à Marie, ma mère

Marie nous buvions l’été cannibale
dans les premières gouttes de
flamboyant
petites filles à l’innocence perdue
possédées d’une saison vorace
Un soleil après l’autre
un pétale après l’autre
les flamboyants dressaient leur festin
de sang
sur des tapis de poussière et de
solitude
Marie comme il nous brûlait
ce sang têtu éclaboussant nos mornes
depuis mai aux vapeurs écarlates
jusqu’au jeudi fête-dieu
vibrant comme une ruche
Il nous prenait à la gorge ce sang
quand venait juillet et sa coulée de 
magmas
Marie… Marie comme il palpitait le
sang désespéré
dans tous les calices de toutes les
messes
où l’on égorgeait Jésus sur l’autel
d’un été de tuf
Marie dont je suis du sang impur et
imparfait
Marie je suis qui renouvelle par mon
sang
la fatale blessure originelle
Marie mère de Dieu ils boivent le
sang de ton fils
dans le sacrifice du flamboyant.


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Behind the door

Sweet sentinel, you keep watch
over the shadows of my room.
This evening my dreams depart
for the north.  Toward the sea.
Gentle candle, gentle
flame, under your tears of light
wood, stone, copper and glass
cloaked in golden silence
bathed in the same mystery.



Derrière la porte

Douce sentinelle, tu veilles
sur les ombres de la chambre.
Ce soir mes rêves partent
vers le nord.  Vers la mer.
Douce bougie, douce
flamme, sous tes larmes de lumière
bois, pierre, cuivre et verre
enveloppés d’or silencieux
baignent dans le même mystère.



My hand and the stone

My hand and the stone,
sage rebellion of noble particles
gripped in my palm.
I’ve made my own her reality:
grey, heavy, oval.
Millenial stone
whose cry
lays claim to nothing other than a
defiance of oblivion.



Ma main et la pierre

Ma main et la pierre,
sage rébellion de particules
tenant dans ma paume.
J’ai fait mienne sa réalité
grise, lourde et ovale.
Pierre millénaire
jusqu’en son cri
elle ne se prétend autre chose
qu’un défi à l’oubli.


Kettly Mars est née en 1958. Un romancier à le proue de la littérature haïtienne, elle est aussi un poète.  Les poèmes ici viennent de son recueil de 2011, Feulements et sanglots.


Traductions:  Alexander Best


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