viernes, 18 de marzo de 2016

ALAIN ÉLUDUT [18.258]


Alain Éludut

Alain Éludut nació en París en 1950 y vive en París. Fue pintor antes de dedicarse a la escritura. 

Bibliografía 

Dans les marges , Éditions Caractères, 2000 
La chute des corps , Éditions Tarabuste, 2004 
La vie présente , Éditions Tarabuste, 2007 
À la fenêtre j'écoute, Éditions Tarabuste, 2011 
Les années pratiques , Éditions Tarabuste, 2014 
Géographiques , L'Etoile des limites, 2015 

Y en las revistas: 

Arpa, Diérèse, Encres Vives, Jointure, Poésie première, Soleil des Loups, Triages, Vagabondages, Verso 





Alain Éludut, Géographiques, L’Étoile des limites, 2014. 


Lo inesperado, al fondo del jardín, tomaba forma. Pedazos de muros se derrumbaban unos tras otros detrás de las lilas. Caían en silencio, lentamente, como si los hubiera alcanzado una enfermedad que los condujera al polvo. Un cancro blanco los recubría a trozos, poniendo luz a la debilidad que las matas de flores en su matiz de malva habían evitado durante un tiempo. Lo inesperado nacía bajo nuestros ojos, abriendo una ventana sin cortinas ni postigos que ni siquiera los rigores del invierno cerrarían de nuevo. El pasado podía entonces surgir en la espera que nos consumía.



*



Cuántos esfuerzos hacía falta realizar para parecer entero. El menor paso en falso, el menor desvío podían sernos fatales. Conocíamos las reglas, el tiempo es una avalancha por venir, y nos sabíamos igualmente portadores de un fin de plazo más o menos lejano. Habíamos cogido la costumbre de llorar, sin duda para protegernos o mejor, prevenir a los que permanecían al margen. Ninguna palabra, ninguna fe conseguían contradecirnos. Convocábamos a lo negro, a las piedras y a los cantos fúnebres.

(traducción de SU XIAOXIAO)




L’inespéré, au fond du jardin, prenait forme. Des pans entiers de murs s’écroulaient les uns après les autres derrière les lilas. Ils tombaient en silence, lentement, comme s’ils étaient atteints d’une maladie qui les menait à la poussière. Un chancre blanc les recouvrait par endroits, mettant à jour leur faiblesse que les touffes de fleurs dans leur nuance de mauve avaient un temps épargnée. L’inespéré naissait sous nos yeux, ouvrant une fenêtre sans rideaux ni volets que même les rigueurs de l’hiver ne fermeraient plus. Le passé pouvait alors surgir dans l’attente qui nous consumait. 

(p. 44)


*


Ce qu’il fallait fournir d’efforts pour paraître entiers. Le moindre faux pas, le moindre écart pouvaient nous être fatals. Nous connaissions les règles, le temps est une avalanche à venir, et nous nous savions également porteurs d’une échéance à plus ou moins long terme. Nous avions pris l’habitude de pleurer, sans doute pour nous protéger ou mieux, prévenir ceux qui restaient à l’écart. Nulle parole, nulle foi ne parvenaient à nous contraindre. On appelait le noir, les pierres et les chants funèbres. 
(p.48)


*


L'ombre insatisfaite ne peut s'empêcher de rôder (p. 62) * 

Solitaire qui marche dans les traces,  dans l'informe,  presque l'effacement. Qui retourne encore, revient.  Qui sait que la terre rétrécit;  qui sent frôler le corps,  réapparaître sous nos yeux l'espace d'une durée intacte, en amont de la perte, d'une présence si humble qu'elle sauverait tout, rend tout impensable. 

Une voix nue, comme voilée (de larmes?), aux sonorités de plain-chant, de fonds où tremblent arbres et gouttes d'eau. Tout cela, d'emblée, irradie, touche encore l'inespéré, le sens de la matière première … 

Pourquoi, à chaque mot élevé de ces pages, cette chute, cette attente qui (…) consumait? Lisant, d'où nous quittions-nous en mémoire? Par quel miracle de solitude, que parcourt ce monologue, fiévreux de savoir, comme d'y échapper? Ce que nous ignorions était (…) notre savoir. Nous courions après lui … 

Enseignement dépouillé – ou délivré – du Soi . Mémoire longeant son absence sœur – cet art double, métaphysicien, de l'imparfait et de l'aoriste. Parole pieuse serrant dans le soir. Musique légère pour tenter de tout redresser (…), peut-être de conquérir le vide, ou l'inutile. 

Solitaire – où? – presque sans lui; par hygiène, à distance de lui. Sa vibration de petite toux le long du chemin abandonné. 

Notre marche ainsi, frôlant l'humus, elle-même voilée, presque hantée. Sans témoin. Sans but. Ni personne. 

Quel horizon ? Peu à peu, dit une fin de page, la trace devint apparente . 

Quête où rien ne s'empare. Qui ne finit pas par posséder . 





Attente. 

L'inespéré au fond du jardin prenait forme … (Pensée furtive à René Char, Pierre-Albert Jourdan). 

Mais le texte entier des Géographiques unit, plus secrètement, l'ancienne tendresse de vivre à – quelle poignante présence? 

Incarne-t-on? Est-on quitté? 





Et si ce n'était pas par là? 





Qui lit, écrit, se parle solitaire.  Rarement répond. 

Comment ne pas entendre ces pas dans les pas? Ces intervalles seuls où – qui s'éloigne? Seul, ferait vibrer l'ensemble de l'espace.

On se tait pour atteindre. On parle pour se quitter. Pour dire où se retrouver : ce bruit de pas, de feuillage où boire. Comme à travers le temps, ce souffle initial, cette presque mémoire acoustique… 

Une quête, oui Est-ce nostalgie, ou reconnaissance? 

La main bouge dans l'air, S'appose.






.

No hay comentarios:

Publicar un comentario