lunes, 22 de octubre de 2012

OUNSI EL HAGE [8169]



OUNSI  EL  HAGE
Nació en LÍBANO en 1937
Poeta, filósofo, traductor y ensayista. Cofundador de Shiir

OBRA:

Poesía

Lan (1960)
The Chopped Head (1963)
The Past of Forthcoming Days' (1965)
What have you made the gold what you have made the rose (1970)
The Messenger with her hair long until the sources (1975)
The Banquet (1994)

Libros

Words, words, words
Khawatem




Traducción del árabe de Joumana Haddad


En la escarcha el abrigo es una palabra

Escribe tu visita en las estaciones. Escribe tu beso en el pan y el vino. Escribe en la sorpresa.
Escribe.
Escribe en el fuego y el laurel: tu deseo, tu espectro, tus sueños.
Mañana volverás a tu señor.
¿A la alegría de tu señor?
A tu señor.
¿A la ira de tu señor?
¡A tu señor!
¿A la merced de tu señor?
¡A tu señor!
Escribe.

Escribe tu ilusión, tu paso, en las referencias y las ventanas.
No eres la primavera que viene cada primavera. Entra y escribe.
Escribe las palabras del mar y de la tierra. Escribe el entusiasmo y el cansancio, la perdiz y la piedra. La dulzura y la fuerza. Escribe el actor y el mártir. La cama y la conciencia. Entrégate a tu mano, deja que tu mano se derrame sobre las fuentes.

Mueres, hombre. ¡Escribe! ¡Escribe! ¡Escribe! Tu disgusto en la nieve, tu ira en el cobre, tu afecto en el sol. Escribe tu amor en todos los ojos.
Que la cerilla sea una palabra en la sombra, el abrigo una palabra en la escarcha, la brisa una palabra en el calor, y una palabra sean la distancia y el encuentro, la boca y el río.
Que los hombres después de ti duerman con la palabra.
Que las mujeres después de ti duerman con la palabra.
Y que la palabra sea tú después de ti.






La luna del reposo

Como otros tienen un cielo y una casa
Yo tengo una mujer
Tengo una mujer como otros tienen niños
Como los niños tienen pastores
Como los pastores tienen sombra

Tengo una mujer
Como otros tienen un camino en el tiempo
Y como las luces lejanas tienen una esperanza.

Vago preguntando
Dónde está
Cómo pregunta
Un hombre en los campos
Al sol
Dónde está

A solas caigo con el rocío
Me levanto solo con el viento
Y nunca se acaba la luna de mi reposo





Eternité

Volante 

Poèmes choisis de l’anthologie poétique établie et présentée par Abdul Kader El Janabi de l’œuvre d’Ounsi El Hage


POUR SE CHAUFFER

Au lieu de descendre de ta mère, épouse-la.

Les lettres se suivent. Au lieu de cela, elles devraient s’imbriquer. Le silence ressemble à des lettres qui se hantent, s’escaladent, se cramponnent les unes aux autres sous l’assaut. Les lettres ne sont pas des trains. Meurs au lieu de te taire.

-Dans le soubassement
Sous la gorge. Derrière ton écorce.

Traduit par Mohamed El Ghoulabzouri





POUR LA NUIT

Il n’a pas précisé
qu’il est un écran rouge
car le cœur du monde est blanc.

Il n’a pas dit
je suis noir
pour la nuit
quand les oiseaux reviennent.

Traduit par Abdul Kader El Janabi






ENTRE QUATRE VENTS

Deux lits
Dans l’entre deux un noble romain
Une montagne impatiente sur le lit rouge.
La femme est prête, immobile.
Sur le lit bleu ses deux pieds nus. Il caresse son espace dorsal
La porte ouverte.
Se détournant violemment, par terre devant eux, le noble romain à la lèvre majestueuse.
La nuit, le mur du précipice s’évapore. Les trois face à l’aventure.
La porte se referme brusquement.
Le mur s’élève.
Quelque part, j’appelle au secours.

Traduit par Joseph Zaarour





MÂMOUTE ET CHA‘TAQÂTE

En ce temps, la main de Mâmoute n’était pas encore apparue.

Son grand-père se leva, porta le bois, trompa les esclaves et érigea les colonnes pour rire, alors que Mâmoute était dessus. Mâmoute oublia tous ses contes. Il fit irruption dans le jardin et égorgea son grand-père de la rose à la rose.

Mâmoute raconte sur son grand-père: «La fleur de mes enfants. Quand je descendais, il m’accompagnait tout en disant des contes, et mes cheveux grisonnaient. De l’éther. Il n’avait pas de main. Il n’y avait que ses lèvres et le jardin.»

Mâmoute aimait Cha‘taqâte. Ainsi s’appelait-elle, comme un serpent. Il aima  donc Cha‘taqâte et dit: «Un grain de beauté m’a ébloui. Une étoile m’a brûlé. Unifié par le désir ardent d’un lion.» Cha‘taqâte dit: «Ton corps est un loup aiguillonné par ses spasmes. Ton corps est une tache qui me couvre.» Mâmoute dit: «Le vertige, le feu, la nostalgie!» Cha‘taqâte dit: «Nous tuerons le gardien et lancerons le cheval.» Mâmoute dit: «Ton corps c’est la guerre. Je le garderai comme proie. J’explorerai les vallées. Malheur à toi si tu restais!» Cha‘taqâte dit: «Malheur à toi si tu restais! Les cahiers se rempliraient, je ne me maîtriserais plus. Restons ainsi: je hume ton incandescence, je déguste tes flèches lointaines, j’excite ton ardeur.»

Lorsqu’il eut exploité les étoiles, créé les psaumes et les coutumes, Mâmoute revint et me raconta.

  

I



… Comme une jeune fille qui revient chez les djinns, sur les branches des arbres, chez les djinns, sur l’hyène et le renard. Dans les maisons, ils braillent: «Nous sommes du liseron sec! L’idiote se donne aux fauves!» Et elle les emmène vers les rivières, sous les hautes murailles. Elle dort nue. L’océan vient vers elle, puis s’en va. Le fleuve vient vers elle et s’abreuve. Et la force dort sous son arbre. Des contes…

Grand-père brisa ses lèvres, son jardin me tombe des mains.
Et la foule.
Et la jeune fille.



II


Escalade l’éclair
Au milieu du pont tu en as de ces fous rires!...
Une petite femme écarte tes lèvres et descend

Elle te prend dans la sérénité
Ne connaît ni l’amour
Ni la honte.



III


Mes branches s’écartent pour que je sois ta flamme abandonnée. Ici! L’astre mort…
Je me baigne sur mon sommet, et toi, nu-pieds, et toi tu disparais emportant mon secret.
Sorcier fouillant dans l’eau, sorcier interrogeant le javelot, sorcier époustouflant la nostalgie, sorcier qui passe…
Je déambule en toi…
Je suis l’immobilité! Nous proférons les pensées du vertige…


IV

Nous flairons nos enfants sans les engendrer
Oh! qu’il est beau l’esclave en fuite!
Au crépuscule nous nous rencontrons
Nos deux corps blancs méritent l’ombre des murs.



V

(Aux perdants sous les toits: je suis toujours l’aîné des vivants; le visage scintillant fulminant comme le cuivre. Dans vos admonestations je discerne une évocation d’un peu de mes regrets… Mais je tiens l’amour, et notre chemin est libre…

Le lis m’a connu vivant.
J’ai enfermé tout mouvement!)



VI

Toi l’invitée, tu as deux pieds dans l’écho, un hôtel aveugle et une chaussure qu’on lance en silence. La statue s’ébauche et la solitude remue le désir: tu t’es rassemblée pour devenir à la fois la source, le fleuve, le mer, l’herbe et le sommeil.

A présent les yeux des serpents s’émousseront, les arbres se dresseront sur les vents et notre douceur tombera sur les épaules.



VII


Je portais les cheveux, creusais les flots immobiles! Le bruit de mes pensées aveuglait les oiseaux aquatiques et mes cheveux exhalaient ma peine.

Je dormais après la guerre de Troie.


VIII

J’ai répondu à l’appel des peuples de tes mains, que la paix soit entre le secours et le fardeau: j’ai fait signe au triste acte de fixer le pâmoison dans l’éventail…
Et je me suis incliné pour ne pas perdre «Emporte-moi vers toi».
J’ai égaré une cloche. Nous avons perdu une terre. Je t’ai tordu la main et j’ai roulé comme une braise.



IX

Les champs accablés de leur épines.
La sainte chargée de ses péchés immaculés.
Ton cœur exigu renferme tous les champs.
Tes fesses sont chastes!

(Que d’apparences lui ai-je données, d’arcs et d’autres choses!

J’ai engendré les sanctuaires sauvages, les sanctuaires friables! Et me voici abandonnant la grotte, les pulsations de l’obscurité dans le froid, pour venir à elle d’un mur…

Les puits sont pour la terre. Ceux qui trouvent et les égarés sont pour la terre. A vous la terre. Vous qui êtes ici flammes et cire. Vous êtes homme et femme!)


X

Le moineau, oiseau de mission, vole comme il marche.
Ils raillent un moineau évanoui. Ils diront au retour: «Ses lèvres le rejettent»…


XI

Nous faisons tournoyer notre faim
Nous guidons notre hésitation
Nous flairons nos enfants

Oh!
Qu’il est beau l’esclave en fuite!



XII

Cha‘taqâte, dis ton nom! Tes voiles s’écartent… J’entrevois la honte des présents et la splendeur de la mort. Notre alliance brûle!

Cha‘taqâte ; ton nom revient… Je l’ai oublié dans la brume du blocus.

Ton corps te donne un puits
Mon corps me donne une épée.

Pleurez, secrets des portes!...

  

XIII

Le gouffre est saturé.
Tout gouffre est ancien et saturé.
Rien ne tourne dans le ventre des chameaux, et le cèdre a manqué le train même s’il a l’apparence d’un voyageur.
Dans l’abysse je t’ai prise. A la surface je t’ai prise.
Et dans mes mains apparurent mes mains
et dans ma bouche des chants…
Tes vêtements quittent mes branches, je verdis et dessèche, verdis et dessèche.


Tes hanches sont bleues!
De ta taille jaillit le sable, de tes seins jaillissent les enfants et de ta langue jaillit le miel étouffant.
En toi j’ai écouté le bruit de ma chute
et je suis mort.
Tout nuage est mort
Oh!
Ce qu’il peut être menteur l’esclave en fuite!
La balle arrive
L’archer s’immobilise
La foudre est foudroyée.
Ceux qui sèment la discorde sont brûlés dans l’or
La nuit a engagé les sorcières!
A qui sont les pieds blancs, les pléiades et les ronces électriques
Et les raids lumineux
Et les domestiques
Et les rogommes…
Ici la page morte.
Je porte le faîte au précipice.
Au commencement, l’on est déjà tout près du précipice!
La planète du miel, la planète du miel
Deux mains pour étrangler.
Qui dois-je remercier, qui dois-je encenser avec les yeux de mon abîme? Le retour est insondable. Le retour est dissimulé dans le rang, et les ailes sone sanglées, et les vents… Les vents disent aux vents: «Nous reviendrons. Et beaucoup d’autres choses!» Et tout propriétaire d’un sentier, tout seigneur d’une pluie, tout lis au matin. Nous sommes à jamais occupants de nos mains.

Si la rose s’attardait sur le corps! La planète du miel pleure.
Ses mains… Va-t’en!
Ses mains…
Le gouffre est saturé.
La sueur du ciel fait luire les mouches. Les aiguilles de la montre fixent le mot et le cautérisent.
Fini le destin!
A l’aide d’une pierre je creuse une pierre: mon corps est une rose.

De mes mains je lui ouvre la bouche
Tout seul je descends son chemin
Son parfum arrose mes joues
Et le chemin s’éloigne. Il s’en va.
Mon corps ma femme
Ses nuées mes portes. Ses nuées mes profondeurs.
Mon corps ma femme
Mon corps
Corps du gouffre!


Voici ce que conte Mâmoute. Je le crus et fus attristé.

Si cela m’était permis, je dirais que Mâmoute était mesquin et d’esprit obtus, et il est mort affligé à l’âge des siècles usés.

Si cela m’était permis, je marquerais un point (je n’éprouve aucun désir d’être applaudi). A la ligne! Là où les démons du matin sont les plus éternels, les plus alambiqués, les plus impénétrables et les plus faciles. Au gouffre. Abysses aux noms qui tiennent de nous. Ce qu’ils peuvent être haïssables, ceux qui s’entichent d’autres que moi! Il semble que je sois la cible des roses. Vraie cible des roses. Mes mains mes témoins, deux pyramides derrière les vitres.

J’écris à toutes les femmes:

J’ai ensorcelé un fleuve. Il gravit le dos de l’hymen. J’ai ensorcelé l’hymen. Ce mystère est ma guère, la salive de mon arme cliquette de joie. Je porte la tête de Joseph le menuisier et tous les oiseaux y chantent. J’ai ensorcelé ma mémoire.

La terre est immaculée, les rêves se frottent aux femmes.
Une jeune fille embrasée ruisselle.
J’ai créé
J’ai créé
J’ai créé toute chose.


Traduit par Mohamed El Ghoulabzour






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