sábado, 15 de abril de 2017

FADWA SOULEIMANE [20.089]


FADWA SOULEIMANE

Fadwa Souleimane (Alepo, Siria, 1972), es actriz, poeta y activista. Con descendencia alauita, ha sido partícipe de numerosas protestas, incluida la protesta mayoritariamente sunní en contra de Bashar al-Assad en Homs, a causa de lo cual fue condenada a muerte en su país natal. Desde el año 2012 ha sido asilada política en Francia, convirtiéndose en uno de los rostros más representativos de la Guerra Civil Siria. 

En el año 2014 publicó en la editorial Le Soupirail el recuento de poemas À la pleine lune, de la cual presentamos una selección traducida al español por Gustavo Osorio.                   http://circulodepoesia.com/2017/04/poesia-de-siria-fadwa-souleimane/


   
A ti
Que me has matado en ese tiempo
Y a quien he matado en ese tiempo
Tiempo de muerte
Ese tiempo

Vendrá ese instante donde
Los ojos en los ojos
Veremos que somos nada salvo el reflejo de nuestra mirada
Que dice perdón
Nada más
Perdón

Observa este perdón en mis ojos
Y las vetas
La luz persiste delante de nosotros




AL ALMA DE ABBAS ABBAS

no habría querido que asistieses a mis funerales
que derramaras lágrimas sobre mí
o que arrojaras la tierra sobre mi piel
no me hubiera recibido tu ramo de flores
las flores cortadas me entristecen
yo habría querido que fueses el eco de mi voz
cuando grité por mí
y por ti




EXILIO

la oscuridad me colocó un velo
este laberinto es sin claridad
el fuego que tomé puro de la luz
me cegó
perdida
su augurio apenas tocado
que me redujo a pedazos
yo recogí mis pedazos
y los confié a mi reflejo
pero en el reflejo no pude ver ningún reflejo
cogí mi voz con la esperanza de entender
y llamé
su imagen se me apareció
su imagen de antes
no aquella de hoy
la cual tomé con amor
y que me llevó en adelante
en busca de aquello que no es ya
al llegar a la acera de los refugiados
se evaporó
y caí
como las cenizas de aquellos que no tienen más ilusiones
miseria de caer allí
donde no se entierran los muertos
voy a llevarme de la mano
y regresaré no para regresar sino
para encontrar mi muerte tal como yo la entiendo


__


en el borde de este abismo
oscilo entre yo y yo
no me precipito
ni vuelvo sobre mis pasos
los espejos me rodean
y hacen caer todos mis rostros
y bloquean todos los pasajes





Fadwa Souleimane est née à Alep en 1972. Elle est diplômée de l'Institut supérieur d'art dramatique de Damas et a travaillé comme comédienne au théâtre, à la télévision et au cinéma. Engagée activement dans le mouvement populaire et démocratique dès mars 2011, devenue l’un des symboles de la mobilisation pacifique, elle est recherchée par les forces de sécurité du régime et est contrainte de quitter le pays. Elle a obtenu l'asile politique en France où elle vit depuis 2012.
Fadwa Souleimane est l’auteur de la pièce de théâtre Le Passage (Éd. Lansmann, 2013) tirée de son expérience de militante s'efforçant de conserver au mouvement de contestation son aspect pacifique (joué au festival d'Avignon, à Marseille, à Paris, en Belgique ou en Egypte…). 

Fadwa Souleimane est aussi l'auteure d'un recueil de poésie publié en arabe (Ed. Dar Al Ghaououne) et en français A la pleine Lune (Ed. Le Soupirail) dans une traduction de Nabil El Azan. « Il nous mène aux territoires de nos mémoires dans un chant de colère, la colère de la terre meurtrie, la colère du sens assassiné, et d’une attente tâchée par la barbarie des hommes. Le poème, retranscrit dans sa musicalité et dans le flux et reflux des mots, impose la beauté de la langue, libre, en réponse au chaos ». Il est sélectionné pour le Prix des découvreurs 2016 décerné par un jury constitué de plusieurs centaines de lycéens représentant l’ensemble des académies de France. 

Fadwa Souleimane prépare actuellement plusieurs spectacles (théâtre, danse et poésie) en tant que metteur en scène et comédienne et vient de participer au court métrage de Rami Hassoun « Message To.. » qui sera présenté pendant le Printemps des Poètes 

Poème

Les volets sont grand ouverts 
sur un couchant pourpre 
dans le ciel passent des avions 
sans bruit 
emmenant les voyageurs vers leur destination 
au-dessus des toits 
cherchant à se poser 
une nuée de colombes tournoie 
les toits sont en tuile 
mon cœur rouge 
là-bas dans mon pays 
la nuit est sans doute tombée 
nuit que les avions là-bas 
transforment en jour 
car les avions là-bas 
ne sont pas étoiles filantes 
mais lunes de midi 
les avions là-bas 
n'emmènent pas les voyageurs vers leur destination 
mais emportent les âmes au loin 
ce sont des bombes 
qui se posent sur les toits 
non des colombes 
quant aux éclairs de lumière-ci 
ce ne sont que frottements de pluie d'obus 
et d'âmes qui s'élèvent 
ô vous qui quittez le pays à pied 
écrivez dans vos notes de voyage 
sur cette nuit illuminée par l'ombre 
ce fut l'anniversaire d'un tyran 
2 juillet 2012 

(Traduit de l’arabe par Nabil El Azan)




Poèmes extraits du recueil A la pleine lune


A toi
Qui m’as tuée en ce temps-là
Et que j’ai tué en ce temps-là
Temps de tuerie
Ce temps-là

Viendra-t-il cet instant où
Les yeux dans les yeux
Nous verrons que nous ne sommes que le reflet de notre regard
Qui dit : pardon

Rien d’autre
Pardon
Vois ce pardon dans mes yeux
Et filons
La lumière perce devant nous


__


pluie sur pluie
argile sur argile
et ma grand-mère qui tricote son récit
avec un fil de soleil
et un fil de lune
moulant ses mots
dans le moulin du vent
et les répandant
comme des étoiles



__


pluie sur pluie
argile sur argile
elle tire la mer telle une plume
étale le vent comme une page
sèche le sel sur ses genoux
et enfante les nuages
de ses seins elle fait couler des sources
moud la terre sur son nombril
donnant vie à l'herbe

enivrés de la lumière ils perdirent connaissance
au son de battement d’ailes
les branches des oliviers les transportèrent
le laurier les traça
tel un poème sur les pages du vent
les moulins les dispersèrent
comme des marguerites sur les rives de l'Oronte
ils virent alors l'Histoire se baptiser dans l'Euphrate
avec le Tigre pour parrain
c’est pour eux que le blé poussa dans le Nord
et sur le jasmin de Damas



__



comme tu passes par moi
arrache mon crâne de ta tête
mon visage
et ma robe tachée de sang
comme tu passes par moi
jette tes médailles sculptées sur mes os
ôte ta ceinture de chasteté
et tes chaussures
comme tu passes par moi
donne tes cahiers de poésie au fleuve
et inscris sur la tombe
je ne fus rien










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