ZÉNO BIANU
(París, Francia, 1950)
Desde que en los años setenta Bianu firmara un manifiesto eléctrico, su obra se ha desplegado en multiformes creaciones poéticas que abarcan el teatro, Oriente y la música. Entre su extensa producción, títulos como Le désespoir n’existe pas, Les Poètes du Grand Jeu y Variations Artaud desvelan sus obsesiones y fuentes. A partir de 2008, ha dado a luz un tríptico musical editado por Castor Astral: Chet Baker (Déploration), Jimi Hendrix (Aimantation) y John Coltrane (Méditation). De este último volumen (marzo de 2012), en el que explora la perennidad de la música del gigante del tenor y el soprano y su incansable búsqueda del absoluto a través de senderos cósmicos, se traducen estos inéditos. Monólogo que es fraseo poético, el verso regresa en paralelo a sus raíces musicales por la piel de ese argonauta del saxo en un vertiginoso viaje hacia los confines de su inmensa creación. Traducido recientemente a nuestra lengua, Bianu se ha forjado por su originalidad un nombre entre la pléyade poética contemporánea francesa.
Publicaciones:
Poesía:
Manifeste électrique aux paupières de jupes, collectif, Le Soleil Noir, 19711.
Mort l'aîne, avec Matthieu Messagier, Christian Bourgois, 1972.
Mantra, Les Cahiers des Brisants, 1984.
Poèmes et proses des ivresses, avec Vincent Bardet, Seghers, 1984.
La Parole et la Saveur, anthologie de la poésie indienne du XXe siècle, avec Richelle Dassin et Serge Sautreau, Les Cahiers des Brisants, 1986.
La Montagne vide, anthologie de la poésie chinoise (IIIe au XIe siècle), avec Patrick Carré, Albin Michel, 1987.
La danse de l'effacement, préface de Charles Juliet, ill. de Ramon Alejandro, Brandes, 1990.
Un seul faux pas dans l'infini, ill. de Jean Messagier, Les Cahiers des Brisants, 1990.
Fatigue de la lumière, Granit, 1991.
L'Abeille turquoise, chants d'amour du VIe dalaï-lama, Seuil, 1994.
Ombre ouverte, ill. de Lise-Marie Brochen, Dana, 1996.
Précis de haute enfance, avec Richard Texier, Fata Morgana, 1997.
Traité des possibles, avec Richard Texier, Fata Morgana, 19985.
L'Atelier des mondes, Arfuyen, 1999.
Le Ciel intérieur, ill. de Vladimir Velićković, Fata Morgana, 1999.
Les Lèvres de l'éclipse, ill. de Jean-Marc Scanreigh, Fata Morgana, 1999.
El Dorado, poèmes et chants des Indiens précolombiens, avec Luis Mizón, Seuil, 1999.
Infiniment proche, L'Arbalète-Gallimard, 20005.
Stentor, CD, avec le groupe Outland, Marges/Futura, 2001.
Lisière d'infini, avec Michel Mousseau, Fata Morgana, 2001.
Le battement du monde, Lettres Vives, 2002.
Dans le feu du bleu, CD, avec Denis Lavant et Jean-Paul Auboux, Thélème, 2002.
Pierre ouverte, avec Richard Texier, Robert et Lydie Dutrou, 2002.
Exercices d’aimantation, ill. de Richard Texier, Les Petits Classiques du Grand Pirate, 2002.
Fugue, ill. de Richard Texier, Maeght, coll. « Duos », 2002.
Poèmes à dire, une anthologie contemporaine francophone, Poésie/Gallimard, 2002, rééd. 2013.
Haiku, anthologie du poème court japonais, avec Corinne Atlan, Poésie/Gallimard, 2002.
Le Temps de lumière, avec Michel Mousseau, Jean-Michel Place, 2003.
Suite pour Yves Klein, avec des photographies rehaussées de Joël Leick, Fata Morgana, 2003.
Les Poètes du Grand Jeu, Poésie/Gallimard, 2003.
Un point ouvert dans le ciel, ill. de Michèle Moreau, Fata Morgana, 2003.
La Troisième Rive, ill. de Richard Texier, Fata Morgana, 2004.
Zéno Bianu, CD, avec Alain Kremski et Dominique Bertrand, Éditions Rencontres, 2006.
Tancho, photos de Vincent Munier, Castor et Pollux, 2004.
D’un ciel à l’autre, anthologie de la poésie indienne contemporaine, Poésie/Gallimard et Gibert Joseph, 2007.
Pour Elvin Jones (consumations), avec Marc Feld, Page, 2007.
Haiku du XXe siècle, avec Corinne Atlan, Poésie/Gallimard, 2007.
Variations Daumal, ill. de Nicolas Rozier, Le Temps volé, 2008.
Chet Baker (déploration), préface d’Yves Buin, Le Castor Astral, 2008.
Bibliothèques, avec Michel Butor, Bernard Noël, Paul Chemetov, etc., ill. de Bertrand Dorny, Virgile, 2009.
Audioscans, CD-livre, avec Marc Battier et Roberto Matta, Maat, 2009.
Variations Artaud, ill. d’Ernest Pignon-Ernest, Dumerchez, 2009.
Jimi Hendrix (aimantation), Le Castor Astral, 20106.
Le désespoir n’existe pas, Gallimard, 2010.
Au vif du monde (Soutine-monologue), avec Marc Feld, Dumerchez, 2011.
Éros émerveillé, anthologie de la poésie érotique française, Poésie/Gallimard, 20127.
John Coltrane (méditation), préface d’Yves Buin, Le Castor Astral, 20122.
Prendre feu, avec André Velter, Gallimard, 2013.
Ensayos:
Krishnamurti ou l'insoumission de l'esprit, Seuil, 19963.
Sagesses de la mort en orient/occident, Albin Michel, 1999.
Georges Méliès, le magicien du cinéma, avec Julia Perrin, À dos d’âne, 2011.
Richard Texier, sculptures, avec Pascal Bonafoux, Éditions du Patrimoine, 2012.
Teatro.
Le Théâtre des saveurs, avec Pierre Clémenti, Juliet Berto, André Marcon, Jean-Marie Patte, etc., réalisation Janine Antoine, France Culture et Communauté des Radios Publiques de langue française, 1986.
Monteverdi, Casanova, Brunelleschi, d'après Miklós Szentkuthy, avec Geneviève Page et Élise Caron, m.s. Pierre Chabert, musiques de Bruno Gillet, France Culture/Avignon, 1991.
Le Chevalier d'Olmedo de Lope de Vega, m.s. de Lluís Pasqual, avec Jean-Marc Barr, Denis Lavant, Évelyne Istria, Isabelle Candelier, etc., Cour d'honneur du Palais des Papes, Avignon; Odéon-Théâtre de L'Europe; Actes Sud-Papiers, 1992.
Le livre de Spencer, d'après Marlowe et Brecht, m.s. de Lluís Pasqual, avec François Marthouret, Christian Cloarec, Isabelle Habiague, Émile Abossolo-M’Bo, Odéon-Théâtre de l'Europe, 1994.
Le Phénix de Marina Tsvétaïéva, traduit avec Tonia Galievsky, Petit-Odéon 1996, Clémence Hiver, 2002.
Mandala, «Les Poétiques», avec Denis Lavant, Jean-Paul Auboux, Alain Kremski, etc., France Culture/Théâtre du Rond-Point, 1998.
L'Idiot, dernière nuit, m.s. de Balasz Gera, d'après Dostoïevski, avec Denis Lavant et Vincent Schmitt, Odéon-Théâtre de l'Europe; Actes Sud-Papiers, 1999.
Orphée, avec Denis Lavant et Agnès Sourdillon, Petit-Odéon, 2001.
La chambre des vertiges, chorégraphie de Brigitte Chataignier, avec Vincent Schmitt et Jean-Paul Auboux, Théâtre Molière/Maison de la Poésie, 2002.
Un magicien, m.s. de Marc Feld, avec Robin Renucci, Pierre Edernac et Jean-Christophe Feldhandler, Théâtre 71, Festival d'Automne; Actes Sud-Papiers, 2003.
J'ai soif de toutes les routes, d'après Marina Tsvétaïéva, m.s. de Balazs Gera, avec Évelyne Istria et Claude Lévèque, Théâtre Molière/Maison de la Poésie, 2005.
Gopika, chorégraphie de Brigitte Chataignier, Grand Théâtre de Lorient, 2007.
Constellation des voix, m.s. de Claude Guerre, avec Denis Lavant et Gérard Siracusa, Théâtre Molière/Maison de la Poésie, 2008.
Gangâ, chorégraphie de Brigitte Chataignier, musiques d’Alain Kremski, Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, 2011, tournée en Inde (Calcutta, Bhopal, Jaipur, Delhi, Khajurao), 2013.
Musiques et poèmes des sphères, avec Alain Kremski, Anne Dupont-Monfort, Michel Deneuve et le chœur des Temperamens variations, Léviathan d’Anish Kapoor, Monumenta, Grand Palais, 2011.
la ruleta
de la vida hice girar y girar
descubrí la ronda de la existencia
y un largo río de lágrimas
donde zozobran las almas
descubrí la sombra de la muerte
vagar en torno a sus cuerpos
y esqueletos al galope
por los siete horizontes
me deslicé
por encima de aguas sombrías
hacia tempestades cebradas de águilas
hacia nimbos de carbón
y cielos de inquieto furor
para doblegar la luz negra
j’ai tourné
tourné la roue de la vie
j’ai vu la ronde des existences
j’ai vu le grand fleuve des larmes
où s’écoulent les âmes
j’ai vu l’ombre de la mort
roder autour des corps
j’ai vu galoper des squelettes
aux sept horizons
j’ai glissé
au-dessus des eaux sombres
vers des orages zébrés d’aigles
vers des nuées de charbon
vers des ciels de fureur inquiète
j’ai dompté la lumière noire
cruzar la espera
pasar a otra vertiente
y preguntarme
si yo era sentimiento
amor o muerte
si era una flor
peonía ante la explosión
un animal
jaguar herido
un árbol
olivo fulminado
proverbio
Dios jamás hará lo mismo dos veces
una profesión de fe
salto al vacío
je traverse l’attente
je passe sur l’autre versant
je m’interroge
si j’étais un sentiment
la mort ou l’amour
si j’étais une fleur
une pivoine avant l’explosion
un animal
un jaguar blessé
un arbre
un olivier foudroyé
un proverbe
Dieu ne fait jamais deux fois la même chose
une profession de foi
le saut dans le vide
todos los barrancos tienen ahí
la profundidad de mil años
en las altas mesetas del aniquilamiento
otra vez en mi habitación de orquídeas
en la ciudad colgante
mis cosas favoritas
ese blues de las brumas
ojo de la avalancha
horizonte perpetuo
là où tous les ravins
ont une profondeur de mille ans
sur les hauts plateaux de l’anéantissement
je retrouve ma chambre d’orchidées
dans la cité suspendue
je retrouve mes choses favorites
le bleu des brumes
l’horizon perpétuel
l'œil de l'avalanche
dónde me encuentro
y no me encuentro
por dónde crucé ya
el vuelo de esquirlas de jade de esas cascadas
en días de bochorno
dónde oí esa melancolía
que aún alberga en ella
el impacto de los diamantes
tallados otrora por las estrellas
dónde sentí
ese látigo de silencio
todo lo he olvidado
bólido que se esfuma
por una senda abandonada
pegada al tiempo
où suis-je
où ne suis-je pas
où ai-je déjà traversé
ces cascades où volent des éclats de jade
les jours de grande chaleur
où ai-je écouté cette mélancolie
qui porte encore en elle
l’impact des diamants
taillés autrefois par les étoiles
où ai-je éprouvé
ce foudroiement silencieux
j’ai tout oublié
je file comme un bolide
par une voie abandonnée
à côté du temps
yo jamás busco
atajos
dilato el tiempo
con desmesura
girando sin cesar
en torno a mi propio sol
viajero hacia la eternidad
viajero
hacia otras vidas
devuelto a la superficie sin descanso
por la misma espiral
que acaba de tragarme
la espiral
que me devuelve
al infinito centro
je ne cherche jamais de
raccourcis
je dilate le temps
démesurément
je tourne sans répit
autour de mon propre soleil
voyageur vers l’éternité
voyageur
vers d’autres vies
sans cesse ramené a la surface
par la spirale même
qui vient de m’engloutir
la spirale
qui me ramène
à l’infini central
lo oís
oís el suspiro del universo
un eco
en el infinito
lo oís
alzándome sin fin
hacia la superficie
y jamás
creedme
jamás abarcaré
el manantial
mi espíritu toma cuerpo
y se incendia
lo oís
latir
latir ese corazón
más lejos
que el dolor
más lejos que la muerte
entendez-vous
entendez-vous soupirer l’univers
c’est un écho
sur l’infini
entendez-vous
je remonte toujours
vers la source
et croyez-moi
jamais
jamais je n’enfermerai
la source
mon esprit prend corps
mon esprit prend feu
entendez-vous
battre
battre ce cœur
plus loin
que la douleur
plus loin que la mort
Traducción: Manuel Ángel Gómez Angulo
http://elcoloquiodelosperros.weebly.com/traducciones.html
En el marco de nuestro dossier de poesía francófona reciente organizado por Gustavo Osorio de Ita y Sergio Eduardo Cruz, presentamos tres poemas del escritor francés de ascendencia rumana Zéno Bianu (París, 1950), poeta, ensayista, dramaturgo y traductor. Siendo una de las plumas más importantes de lengua francesa, Bianu se hizo acreedor al Premio Internacional de Poesía Ivan Goll en el año 2003. Entre sus poemarios más recientes se encuentran Infiniment proche (2000) y Le désespoir n’existe pas (2010). De éste presentamos los poemas “Langue sur langue” y “À contre-nuit”; de aquel, “Invocation”.
Las traducciones son de Arturo Velasco.
Invocación
Enfurécete, enfurécete ante la muerte de la luz.
Dylan Thomas
el cielo se apaga
los ojos se iluminan
no nos perdones nada
cuando la muerte
no acaba
de expulsar la vida
cuando el cuchillo
de la noche fría
rebana el arcoíris
no perdones nada
a los hombres consumidos
de crepúsculo
ven
a descarnar la herida culminante
la ardiente inquietud
de soledad
la imantación
entre la herida y la cura
entre la ceniza errante
y la lengua de los ángeles
por la gracia de un corazón
al fin despedazado
séanos posible agrandar
el abismo que duerme en ti
no nos perdones nada
Invocation
Rager, s’enrager contre la morte de la lumière.
Dylan Thomas
le ciel s’éteint
les yeux s’éclairent
ne nous pardonne rien
quand la mort
n’en finit pas
de chasser la vie
quand le couteau
de la nuit froide
tranche l’arc-en-ciel
ne pardonne rien
aux hommes consumés
de crépuscule
viens
dénuder la haute blessure
l’ardent souci
de solitude
l’aimantation
entre la plaie et le baume
entre la cendre errante
et la langue des anges
par la grâce d’un cœur
enfin broyé
puissions-nous agrandir
l’abîme endormi en toi
ne nous pardonne rien
A contrasombra
A Bernard Noel
a contrasombra
tú escuchas
la voz sin voz
la voz viva
de una corteza viviente
entre los taludes del ser
hacia la falla del amor
a contrasombra
para tallar
el virus de la vida
franquear
la linde de los comas
aferrarse
a la nuca del mundo
a contrasombra
acuérdate
de pintar todo el cielo
acuérdate
de recitar las estrellas
acuérdate
de dejar brillar la lluvia
a contrasombra
la palabra sopla
el soplo habla
yo quiero
unir el cielo a tus párpados
yo quiero
explorar el alfabeto de tu vida
a contrasombra
mi día se posa sobre tu noche
tu noche se posa sobre mi día
yo escribo
en el fin del mundo
con un cuerpo esparcido
que el soplo reúne
a contrasombra
acuérdate
de devorar mi somnolencia
acuérdate
de plantar mis ojos en la tierra
acuérdate
de enseñarme a morir
a contrasombra
una sola palabra
una sola palabra
en la punta de tu lengua
la palabra del fin de todo
una fuga
para habitar lo inagotable
a contrasombra
intensamente
devastado de silencio
para no ser jamás colmado
hasta la piel
hasta el polvo
repetir cada nombre del mundo
À contre-nuit
Pour Bernard Noël
à contre-nuit
tu écoutes
la voix sans voix
la voix vive
d’une écorce vivante
parmi les éboulis de l’être
vers la fracture d’amour
à contre-nuit
pour ciseler
le virus de la vie
franchir
la ligne des comas
s’agripper
à la nuque du monde
à contre-nuit
souviens-toi
de peindre tout le ciel
souviens-toi
de réciter les étoiles
souviens-toi
de laisser briller la pluie
à contre-nuit
la parole souffle
le souffle parle
je veux
mêler le ciel à tes paupières
je veux
explorer l’alphabet de ta vie
à contre-nuit
mon jour vient sur ta nuit
ta nuit vient sur mon jour
j’écris
au bord du monde
avec un corps éparpillé
que le souffle rassemble
à contre-nuit
souviens-toi
de dévorer mon sommeil
souviens toi
de planter mes yeux sur la terre
souviens-toi
de m’apprendre à mourir
à contre-nuit
un seul mot
un seul mot
sur le bout de ta langue
le mot de la fin de tout
une fugue
pour habiter l’inépuisable
à contre-nuit
intensément
ravagé de silence
pour n’être jamais comblé
jusqu’à la peau
jusqu’à la poussière
marteler tous les noms du monde
Lengua sobre lengua
(sobre las “epifanías” de Claudine Bertrand)
abandona
el crepúsculo
deja que se hunda tu voz
lejos de los dioses celosos
bríndame tu penumbra
la muerte
nunca viene de fuera
tú la guardas en ti
como un continente sepultado
tú buscas la pátina
no el brillo
infatigable eternidad
el espacio de un nacimiento infinito
una verdadera respiración
Dios es un bebé que duerme
confianza
confianza ilimitada
en el instante
el mañana
es siempre la muerte
dejémonos habitar
seamos atravesados
tornémonos al fin porosos
las tumbas están siempre vacías
para los de los ángeles
prefiere el mundo
es un diamante febril
allá
donde todo es verdadero vértigo
allá
donde sólo tú lees el universo
yo camino
al margen de tus palabras
es aquel bosque de inspiraciones
lo reconozco
donde uno viene a vestirse de voz
para sostener el mundo
donde tú buscas
tu núcleo de rebeldía
para temblar justo
resonar cortante
luminoso doloroso
luminoso doloroso
llega la noche
tú dices
la garra de la palabra
el sexo de la voz
te deslizas
al interior de un vocablo
ves
el nacimiento del mundo
hay una brecha
en tu rostro
una presencia tangible
lejos de los simulacros
una brecha
que me revela
yo tomo tu cielo
como una mano tendida
pongo fin a tu ceguera
detengo tu cuenta regresiva
te veo
encuentras tu apoyo
sobre la tierra
con tus manos de noche
tus palabras vienen a mi boca
Langue sur langue
(Su les « épiphanies » de Claudine Bertrand)
abandonne
le crépuscule
laisse sombrer ta voix
loin des dieux jaloux
offre-moi ta pénombre
la mort
ne vient jamais du dehors
tu la gardes en toi
comme un continent englouti
tu cherches la patine
pas la brillance
infatigable éternité
l’espace d’une naissance infinie
une vraie respiration
Dieu est un bébé qui dort
confiance
confiance illimitée
dans l’instant
demain
c’est toujours la mort
laissons-nous habiter
soyons traversés
devenons enfin poreux
les tombeaux sont toujours vides
pour les enfants des anges
préfère le monde
c’est un diamant fiévreux
là
où tout est vrai vertige
là
où tu es la seule à lire l’univers
je marche
en lisière de tes mots
c’est bien le bois des souffles
je le reconnais
où l’on vient s’habiller de voix
pour tenir le monde
où tu cherches
ton noyau de révolte
pour frémir juste
retentir tranchant
lumineux douloureux
lumineux douloureux
la nuit se lève
tu dis
la griffe de la parole
le sexe de la voix
tu glisses
à l’intérieur d’un mot
tu vois
la naissance du monde
il y a une brèche
dans ton visage
une présence tangible
loin des simulacres
une brèche
qui me révèle
je prends ton ciel
comme une main tendue
je te désaveugle
j’arrête ton compte à rebours
je te vois
tu prends appui
sur la terre
avec tes mains de nuit
tes mots viennent à ma bouche
http://circulodepoesia.com/2016/07/veinte-poetas-francofonos-recientes-zeno-bianu/
.
Las traducciones son de Arturo Velasco.
Invocación
Enfurécete, enfurécete ante la muerte de la luz.
Dylan Thomas
el cielo se apaga
los ojos se iluminan
no nos perdones nada
cuando la muerte
no acaba
de expulsar la vida
cuando el cuchillo
de la noche fría
rebana el arcoíris
no perdones nada
a los hombres consumidos
de crepúsculo
ven
a descarnar la herida culminante
la ardiente inquietud
de soledad
la imantación
entre la herida y la cura
entre la ceniza errante
y la lengua de los ángeles
por la gracia de un corazón
al fin despedazado
séanos posible agrandar
el abismo que duerme en ti
no nos perdones nada
Invocation
Rager, s’enrager contre la morte de la lumière.
Dylan Thomas
le ciel s’éteint
les yeux s’éclairent
ne nous pardonne rien
quand la mort
n’en finit pas
de chasser la vie
quand le couteau
de la nuit froide
tranche l’arc-en-ciel
ne pardonne rien
aux hommes consumés
de crépuscule
viens
dénuder la haute blessure
l’ardent souci
de solitude
l’aimantation
entre la plaie et le baume
entre la cendre errante
et la langue des anges
par la grâce d’un cœur
enfin broyé
puissions-nous agrandir
l’abîme endormi en toi
ne nous pardonne rien
A contrasombra
A Bernard Noel
a contrasombra
tú escuchas
la voz sin voz
la voz viva
de una corteza viviente
entre los taludes del ser
hacia la falla del amor
a contrasombra
para tallar
el virus de la vida
franquear
la linde de los comas
aferrarse
a la nuca del mundo
a contrasombra
acuérdate
de pintar todo el cielo
acuérdate
de recitar las estrellas
acuérdate
de dejar brillar la lluvia
a contrasombra
la palabra sopla
el soplo habla
yo quiero
unir el cielo a tus párpados
yo quiero
explorar el alfabeto de tu vida
a contrasombra
mi día se posa sobre tu noche
tu noche se posa sobre mi día
yo escribo
en el fin del mundo
con un cuerpo esparcido
que el soplo reúne
a contrasombra
acuérdate
de devorar mi somnolencia
acuérdate
de plantar mis ojos en la tierra
acuérdate
de enseñarme a morir
a contrasombra
una sola palabra
una sola palabra
en la punta de tu lengua
la palabra del fin de todo
una fuga
para habitar lo inagotable
a contrasombra
intensamente
devastado de silencio
para no ser jamás colmado
hasta la piel
hasta el polvo
repetir cada nombre del mundo
À contre-nuit
Pour Bernard Noël
à contre-nuit
tu écoutes
la voix sans voix
la voix vive
d’une écorce vivante
parmi les éboulis de l’être
vers la fracture d’amour
à contre-nuit
pour ciseler
le virus de la vie
franchir
la ligne des comas
s’agripper
à la nuque du monde
à contre-nuit
souviens-toi
de peindre tout le ciel
souviens-toi
de réciter les étoiles
souviens-toi
de laisser briller la pluie
à contre-nuit
la parole souffle
le souffle parle
je veux
mêler le ciel à tes paupières
je veux
explorer l’alphabet de ta vie
à contre-nuit
mon jour vient sur ta nuit
ta nuit vient sur mon jour
j’écris
au bord du monde
avec un corps éparpillé
que le souffle rassemble
à contre-nuit
souviens-toi
de dévorer mon sommeil
souviens toi
de planter mes yeux sur la terre
souviens-toi
de m’apprendre à mourir
à contre-nuit
un seul mot
un seul mot
sur le bout de ta langue
le mot de la fin de tout
une fugue
pour habiter l’inépuisable
à contre-nuit
intensément
ravagé de silence
pour n’être jamais comblé
jusqu’à la peau
jusqu’à la poussière
marteler tous les noms du monde
Lengua sobre lengua
(sobre las “epifanías” de Claudine Bertrand)
abandona
el crepúsculo
deja que se hunda tu voz
lejos de los dioses celosos
bríndame tu penumbra
la muerte
nunca viene de fuera
tú la guardas en ti
como un continente sepultado
tú buscas la pátina
no el brillo
infatigable eternidad
el espacio de un nacimiento infinito
una verdadera respiración
Dios es un bebé que duerme
confianza
confianza ilimitada
en el instante
el mañana
es siempre la muerte
dejémonos habitar
seamos atravesados
tornémonos al fin porosos
las tumbas están siempre vacías
para los de los ángeles
prefiere el mundo
es un diamante febril
allá
donde todo es verdadero vértigo
allá
donde sólo tú lees el universo
yo camino
al margen de tus palabras
es aquel bosque de inspiraciones
lo reconozco
donde uno viene a vestirse de voz
para sostener el mundo
donde tú buscas
tu núcleo de rebeldía
para temblar justo
resonar cortante
luminoso doloroso
luminoso doloroso
llega la noche
tú dices
la garra de la palabra
el sexo de la voz
te deslizas
al interior de un vocablo
ves
el nacimiento del mundo
hay una brecha
en tu rostro
una presencia tangible
lejos de los simulacros
una brecha
que me revela
yo tomo tu cielo
como una mano tendida
pongo fin a tu ceguera
detengo tu cuenta regresiva
te veo
encuentras tu apoyo
sobre la tierra
con tus manos de noche
tus palabras vienen a mi boca
Langue sur langue
(Su les « épiphanies » de Claudine Bertrand)
abandonne
le crépuscule
laisse sombrer ta voix
loin des dieux jaloux
offre-moi ta pénombre
la mort
ne vient jamais du dehors
tu la gardes en toi
comme un continent englouti
tu cherches la patine
pas la brillance
infatigable éternité
l’espace d’une naissance infinie
une vraie respiration
Dieu est un bébé qui dort
confiance
confiance illimitée
dans l’instant
demain
c’est toujours la mort
laissons-nous habiter
soyons traversés
devenons enfin poreux
les tombeaux sont toujours vides
pour les enfants des anges
préfère le monde
c’est un diamant fiévreux
là
où tout est vrai vertige
là
où tu es la seule à lire l’univers
je marche
en lisière de tes mots
c’est bien le bois des souffles
je le reconnais
où l’on vient s’habiller de voix
pour tenir le monde
où tu cherches
ton noyau de révolte
pour frémir juste
retentir tranchant
lumineux douloureux
lumineux douloureux
la nuit se lève
tu dis
la griffe de la parole
le sexe de la voix
tu glisses
à l’intérieur d’un mot
tu vois
la naissance du monde
il y a une brèche
dans ton visage
une présence tangible
loin des simulacres
une brèche
qui me révèle
je prends ton ciel
comme une main tendue
je te désaveugle
j’arrête ton compte à rebours
je te vois
tu prends appui
sur la terre
avec tes mains de nuit
tes mots viennent à ma bouche
http://circulodepoesia.com/2016/07/veinte-poetas-francofonos-recientes-zeno-bianu/
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