Geneviève Huttin
Geneviève Huttin. (Montargis, Francia, 1951). Cursa estudios superiores de filosofía. Autora de libros radiofónicos; animadora y productora para la emisión del programa cutural Noches de Francia entre 1989 y 2014. Desde 2011 anima el programa La nuit rêvée de… con personalidades del mundo de la cultura. Ha publicado Seigneur… (1981) ; Paris, Litanie des cafés, (1991) ; L’histoire de ma voix (2004), Cavalier qui penche (2009), Une petite lettre à votre mère, (2014) (Premio Revelación en Poesía de la SGDL en 2014), Ecrire malgré nous (2016), Lorrains Imaginaires (2016).
CASA QUE SE VA
Habiamos ido juntas a buscar
La casa que había sido de mi madre
Pequeña, minúscula
Entre viñedos secos
Las raices hiladas de mi paisaje natal
Mi madre ya no estaba para esperarnos
Soy la que fui
Y la que seré para ti
Si nada me detiene
Quien me liberará
De ser una casa que se va?
Cuando pasa el tren por el fondo del jardín
El aira sacude el cerezo, sin que la escalerilla caiga
La libertad, es mi madre,
la pequeña patria que tengo en mi cabeza
Yo quiero a un lobo, es mi padre
Sus mejillas huelen a limadura de hierro.
L’histoire de ma voix, Farrago Eds, 2004
Geneviève Huttin, écrivain, née en 1951 à Montargis dans le Loiret. Élève de L’École normale supérieure, puis professeure de philosophie, elle est devenue, de 1989 à 2014, animatrice radiophonique à Radio France dans le cadre de l’émission « Les nuits de France-Culture » et « La nuit rêvée de »… (archives et entretiens avec des personnalités de la culture). Elle exerce une activité critique sur son blog Mediapart et sur des sites français tels que Poezibao, Sitaudis, Encres vagabondes.
Ses principaux livres publiés sont:
Paris, Litanie des cafés, coll. «Poésie », Seghers (1991),
’Histoire de ma voix, Farrago (2004),
Cavalier qui penche, Le Préau des collines (2010),
Une petite lettre à votre mère, Le Préau des collines (2014),
« Lorrains imaginaires », revue Triages (2016),
Écrire malgré nous, Passages d’encres (2016).
Elle a reçu le prix «Révélation Poésie » de la Société des gens de lettres en 2014. Le poème est pour elle proche du récitatif : chant déclamé épousant les intonations et les inflexions de la langue parlée.
Le poète et critique américain John Taylor a rendu compte de son oeuvre dans Paths to Contemporary French Literature, panorama critique des écrivains et poètes français, et dans Into the Heart of European Poetry, deux essais parus chez Transaction Publishers, Londres-New York. Le poète américain Bradford Gray Telford a donné une traduction de l’Histoire de ma voix, pour laquelle il a reçu un grand prix de traduction. Et des versions en américain des poèmes de ce recueil sont parus dans Lyric Review, Agni, Dirty Goat, Lake effects.
L’Allemand de RE
à Martine Broda
Jours de RE,
où le destin se présenta
Martine, toi qui disais
« pOème » d’une manière spéciale
pô-ème
je pris ta mélancolie sur moi
il y eut une pluie d’étoiles filantes
nous t’avions perdue de vue,
tu nageais,
tu nageais,
et puis tu es revenue de la mer
les deux bouts d’horizon qui brillaient dans ses yeux à lui
EXTRAITS DE TEXTES
( extrait de Lorrains Imaginaires , à paraitre)
LES ROIS DE SAINT BRIEUC
Dans un château-musée au bord de lamer
nous parcourons des salles dédiées aux rabbins des origines
mon ami achète des rouleaux en ivoire
C’était après, après
que les pères aient brisé la loi des pères
C’était avant, avant
que j’aie perdu tous les secrets de tous les pères
Ce rêve où tous les rabbins sont là
rois oubliés sur les vitraux
dans le château de Saint Brieuc
avec des barbes et des couronnes à trois pointes
A KALICUT
Le Paris Strasbourg
se jette en ligne droite
De la voie surbaissée
on ne voit plus le paysage
Le pays est invisible
il est enchanté
sous les toits à longue pente
les hommes
le fourrage
les bêtes
cachés
perpendiculaires
à l’endroit et à l’envers
les bêtes
le fourrage
les hommes
tout est dans la brume et dans la tête
arrivent les sapins et des maisons pastels
C’est le 11novembre,
et le pays est bien calme
c’est le pays des morts
Parmi tant de rêves à son sujet
le long des géants aux couleurs de l’automne
Le temps d’un voyage dans la FORET
Je mange le gâteau d’une Voyelle
NOIRE
A Kalicut
le drapage rouge des hêtres
Voyageuse couchée dans la forêt
Les rayons de l’étoile rendus palpables
par l’humidité de l’atmosphère
Aller des deux côtés du paysage,
regarder passer la lumière sur l’autre versant
et de la France en Allemagne.
*
(extrait de l’Histoire de ma voix.)
MAISON QUI MARCHE
Nous étions parties toutes les deux
chercher la maison qui aurait été celle de ma mère
Petite, minuscule
dans les vignes sèches, les racines étiolées de mon Loiret natal
ma mère n’y était plus pour nous attendre
J’ai fait le rêve de celle que j’étais, que je serai
pour toi
si rien ne m’arrête
Qui me libérera d’être une maison qui marche ?
Quand le train passe au fond du jardin
l’air qui remue le cerisier ne fait pas tomber l’échelle
la Liberté, c’est ma mère, la petite patrie que j’ai dans la tête
J’aime un loup, c’est mon père
ses joues sentent la limaille de fer
*
A BELCHATOV
Comme Georg et Gretl
se retrouvaient dans le miroir
nous nous retrouverons sur la route
Tu porteras le luth des ancêtres
quelqu’un nous donnera à manger
quelqu’un d’autre nous donnera un livre
Il découpera une lettre pour chacune
et nous mangerons la petite lettre
Devant l’objectif
un champ jaune qui fuit
une petite église polonaise
sur la route du crépuscule
où ton père partit
*
TRESOR de la poésie universelle
Il est 3 heures de l’après midi,
à la porte de l’arrière boutique,
l’apprenti boulanger
fume enfin sur le trottoir
En relisant le Trésor de la poésie universelle
j’apprends ce que j’ai fini d’apprendre
Avoir eu la Vue , l’avoir perdue
et l’avoir retrouvée ensuite en faisant un sacrifice
Ce que j’ai su en perdant ma mère
quand j’ai lu
Le Trésor de la poésie universelle
que je dois relire maintenant
j’avais lu que l’âme était un Fil de Coton
je ne le retrouve pas, quand je le cherche,
le fil
Par contre je me souviens très bien qu’un homme était passé dans le couloir du train
au retour de l’enterrement
il avait sur la lèvre un bout d’eucalyptus
et derrière lui
la Gare de Sète
J’apprends que les prières à la pluie ont été des sons purs
qu’il fallait entrechoquer des bâtons et faire
Da dad a
Da a dad a
Da a dada
Da katakai !
Je trouve ce que j’ai déjà trouvé
quelques strates
suffisent dans toute vie
pour faire un tableau
un poème
Qu’ils sont toujours d’époque et que toutes les choses sont et seront toujours définitivement
d’époque *
Que la poésie amoureuse vient de l’Inde, qu’elle a inspiré les images les plus excitantes
l’éléphant de tes hanches
Que le Premier Livre a été caché
Que le soleil a d’abord été faible et minable
Que j’avais compris Rilke
quand j’étais jeune
Que j’aurai confondu la poésie avec la possibilité
comme on dit « Une église Pré- Romane »
Que j’ai écrit dans ma vie quelques poèmes
-simples poteaux télégraphiques
de la rue de mon enfance-
plantés entre moi et moi
les épingles qui me piquaient
lorsque ma mère posait sur moi un patron de couture
pour que je me redresse
*D’après Anne Talvaz
« Tout est toujours d’une époque »
Imagines ( Editions Farrago Leo Scheer . 2002)
Geneviève Huttin.
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