domingo, 25 de junio de 2017

GENEVIÉVE HUTTIN [20.230]


Geneviève Huttin

Geneviève Huttin. (Montargis, Francia, 1951). Cursa estudios superiores de filosofía. Autora de libros radiofónicos; animadora y productora para la emisión del programa cutural Noches de Francia entre 1989 y 2014. Desde 2011 anima el programa La nuit rêvée de… con personalidades del mundo de la cultura. Ha publicado Seigneur… (1981) ; Paris, Litanie des cafés, (1991) ; L’histoire de ma voix (2004), Cavalier qui penche (2009), Une petite lettre à votre mère, (2014)  (Premio Revelación en Poesía de la SGDL en 2014), Ecrire malgré nous (2016), Lorrains Imaginaires (2016).



CASA QUE SE VA

Habiamos ido juntas a buscar
La casa que había sido de mi madre

Pequeña, minúscula
Entre viñedos secos
Las raices hiladas de mi paisaje natal
Mi madre ya no estaba para esperarnos

Soy la que fui
Y la que seré para ti
Si nada me detiene

Quien me liberará
De ser una casa que se va?

Cuando pasa el tren por el fondo del jardín
El aira sacude el cerezo, sin que la escalerilla caiga

La libertad, es mi madre,
la pequeña patria que tengo en mi cabeza

Yo quiero a un lobo, es mi padre
Sus mejillas huelen a limadura de hierro.




L’histoire de ma voix, Farrago Eds, 2004






Geneviève Huttin, écrivain, née en 1951 à Montargis dans le Loiret. Élève de L’École normale supérieure, puis professeure de philosophie, elle est devenue, de 1989 à 2014, animatrice radiophonique à Radio France dans le cadre de l’émission « Les nuits de France-Culture » et « La nuit rêvée de »… (archives et entretiens avec des personnalités de la culture). Elle exerce une activité critique sur son blog Mediapart et sur des sites français tels que Poezibao, Sitaudis, Encres vagabondes.

Ses principaux livres publiés sont:

Paris, Litanie des cafés, coll. «Poésie », Seghers (1991),
’Histoire de ma voix, Farrago (2004),
Cavalier qui penche, Le Préau des collines (2010),
Une petite lettre à votre mère, Le Préau des collines (2014),
« Lorrains imaginaires », revue Triages (2016),
Écrire malgré nous, Passages d’encres (2016).

Elle a reçu le prix «Révélation Poésie » de la Société des gens de lettres en 2014. Le poème est pour elle proche du récitatif : chant déclamé épousant les intonations et les inflexions de la langue parlée.

Le poète et critique américain John Taylor a rendu compte de son oeuvre dans Paths to Contemporary French Literature, panorama critique des écrivains et poètes français, et dans Into the Heart of European Poetry, deux essais parus chez Transaction Publishers, Londres-New York. Le poète américain Bradford Gray Telford a donné une traduction de l’Histoire de ma voix, pour laquelle il a reçu un grand prix de traduction. Et des versions en américain des poèmes de ce recueil sont parus dans Lyric Review, Agni, Dirty Goat, Lake effects.



L’Allemand de RE

 à Martine Broda

Jours de RE,
où le destin se présenta

Martine, toi qui disais
« pOème » d’une manière spéciale
pô-ème

je pris ta mélancolie sur moi

il y eut une pluie d’étoiles filantes

nous t’avions perdue de vue,
tu nageais,
tu nageais,
et puis tu es revenue de la mer

les deux bouts d’horizon qui brillaient dans ses yeux à lui





EXTRAITS DE TEXTES
( extrait de Lorrains Imaginaires , à paraitre) 


LES ROIS DE SAINT BRIEUC 


Dans un château-musée au bord de lamer 
nous parcourons des salles dédiées aux rabbins des origines 
mon ami achète des rouleaux en ivoire 

C’était après, après 

que les pères aient brisé la loi des pères 

C’était avant, avant 

que j’aie perdu tous les secrets de tous les pères 

Ce rêve où tous les rabbins sont là 
rois oubliés sur les vitraux 
dans le château de Saint Brieuc 
avec des barbes et des couronnes à trois pointes 



A KALICUT 

Le Paris Strasbourg 
se jette en ligne droite 

De la voie surbaissée 
on ne voit plus le paysage 

Le pays est invisible 
il est enchanté 

sous les toits à longue pente 
les hommes 
le fourrage 
les bêtes 
cachés 
perpendiculaires 

à l’endroit et à l’envers 
les bêtes 
le fourrage 
les hommes 

tout est dans la brume et dans la tête 
arrivent les sapins et des maisons pastels 

C’est le 11novembre, 
et le pays est bien calme 
c’est le pays des morts 

Parmi tant de rêves à son sujet 
le long des géants aux couleurs de l’automne 


Le temps d’un voyage dans la FORET 
Je mange le gâteau d’une Voyelle 





NOIRE 

A Kalicut 

le drapage rouge des hêtres 


Voyageuse couchée dans la forêt 

Les rayons de l’étoile rendus palpables 
par l’humidité de l’atmosphère 

Aller des deux côtés du paysage, 
regarder passer la lumière sur l’autre versant 
et de la France en Allemagne. 



*


(extrait de l’Histoire de ma voix.) 


MAISON QUI MARCHE 


Nous étions parties toutes les deux 
chercher la maison qui aurait été celle de ma mère 

Petite, minuscule 
dans les vignes sèches, les racines étiolées de mon Loiret natal 
ma mère n’y était plus pour nous attendre 

J’ai fait le rêve de celle que j’étais, que je serai 
pour toi 
si rien ne m’arrête 

Qui me libérera d’être une maison qui marche ? 

Quand le train passe au fond du jardin 
l’air qui remue le cerisier ne fait pas tomber l’échelle 
la Liberté, c’est ma mère, la petite patrie que j’ai dans la tête 

J’aime un loup, c’est mon père 
ses joues sentent la limaille de fer 



*



A BELCHATOV 


Comme Georg et Gretl 
se retrouvaient dans le miroir 
nous nous retrouverons sur la route 

Tu porteras le luth des ancêtres 
quelqu’un nous donnera à manger 
quelqu’un d’autre nous donnera un livre 

Il découpera une lettre pour chacune 
et nous mangerons la petite lettre 

Devant l’objectif 
un champ jaune qui fuit 
une petite église polonaise 
sur la route du crépuscule 
où ton père partit 


*


TRESOR de la poésie universelle 


Il est 3 heures de l’après midi, 
à la porte de l’arrière boutique, 
l’apprenti boulanger 
fume enfin sur le trottoir 



En relisant le Trésor de la poésie universelle 
j’apprends ce que j’ai fini d’apprendre 




Avoir eu la Vue , l’avoir perdue 
et l’avoir retrouvée ensuite en faisant un sacrifice 


Ce que j’ai su en perdant ma mère 
quand j’ai lu 
Le Trésor de la poésie universelle 
que je dois relire maintenant 

j’avais lu que l’âme était un Fil de Coton 

je ne le retrouve pas, quand je le cherche, 
le fil 



Par contre je me souviens très bien qu’un homme était passé dans le couloir du train 
au retour de l’enterrement 
il avait sur la lèvre un bout d’eucalyptus 
et derrière lui 
la Gare de Sète 

J’apprends que les prières à la pluie ont été des sons purs 
qu’il fallait entrechoquer des bâtons et faire 




Da dad a 
Da a dad a 
Da a dada 
Da katakai ! 



Je trouve ce que j’ai déjà trouvé 

quelques strates 
suffisent dans toute vie 
pour faire un tableau 
un poème 

Qu’ils sont toujours d’époque et que toutes les choses sont et seront toujours définitivement 
d’époque * 


Que la poésie amoureuse vient de l’Inde, qu’elle a inspiré les images les plus excitantes 
l’éléphant de tes hanches 


Que le Premier Livre a été caché 

Que le soleil a d’abord été faible et minable 



Que j’avais compris Rilke 
quand j’étais jeune 


Que j’aurai confondu la poésie avec la possibilité 
comme on dit « Une église Pré- Romane » 

Que j’ai écrit dans ma vie quelques poèmes 

-simples poteaux télégraphiques 
de la rue de mon enfance- 

plantés entre moi et moi 

les épingles qui me piquaient 
lorsque ma mère posait sur moi un patron de couture 
pour que je me redresse 


*D’après Anne Talvaz 
« Tout est toujours d’une époque » 
Imagines ( Editions Farrago Leo Scheer . 2002) 

Geneviève Huttin.










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