José María de Heredia Girard
José María de Hérédia Girard (La Fortuna, cerca de Santiago de Cuba, 22 de noviembre de 1842 – castillo de Bourdonné, cerca de Houdan, Yvelines, 3 de octubre de 1905) fue un poeta y traductor francés de origen cubano.
En 1894 fue elegido miembro de la Academia francesa. Es uno de los más destacados representantes del parnasianismo. Su obra más importante es el libro de sonetos Los trofeos (1893).
Hijo del cubano Domingo de Heredia y de su segunda esposa, la francesa Louise Girard, el poeta nació en la plantación familiar, cerca de Santiago de Cuba. Se embarcó a Francia a los nueve años, en 1851, donde curso el bachillerato hasta 1859. En Franci descubrió la obra de Leconte de Lisle, que le causó una honda impresión.
Tras su regreso en 1859 a Cuba, comenzó a estudiar la lengua española con vistas a licenciarse en Derecho. No logró su propósito pues no se le reconoció la equivalencia del bachillerato cursado en Francia. Por lo tanto, en 1860 volvió a Francia con la intención de seguir allí sus estudios de Derecho.
Entre 1862 y 1865 estudió en la prestigiosa École des chartes de París, y comenzó a escribir sus primeros poemas, muy influidos por la escuela parnasiana. En 1863 conoció a Leconte de Lisle, y a partir de 1866 colaboró en el Parnaso contemporáneo. Hizo amistad con autores como Sully Prudhomme y Catulle Mendès, y publicó sus poemas en revistas como Revue des Deux Mondes, Le Temps y Le Journal des Débats.
Busto de Heredia en el Jardín de Luxemburgo, por el escultor Victor Segoffin.
Dedicó diez años —entre 1877 y 1887— a traducir la Historia verdadera de la conquista de la Nueva España de Bernal Díaz del Castillo. Tradujo también al francés la Historia de la monja alférez, memorias de Catalina de Erauso. Tradujo del latín, francés e inglés a Horacio, Lamartine, Ossian y Lord Byron.1
En 1893 reunió todos sus sonetos en un libro, Los trofeos (Les Trophées), dedicado a Leconte de Lisle, una de las obras más importantes de la poesía parnasiana. En 1894 fue elegido miembro de la Academia francesa. Con ocasión de la visita de los zares rusos a París compuso su poema Salut à l'Empereur.
Casado desde 1867 con la también cubanofrancesa Louise-Cécile Despaigne, fue padre de tres hijas, una de las cuales, Marie-Louise Hérédia sería la futura esposa de Henri de Régnier y la amante de Pierre Louÿs.
Heredia murió el 3 de octubre de 1905 en el castillo de Bourdonné, cerca de Houdan.
MAR CRECIENTE
El sol parece un faro de luz blanca y remota,
Desde el Raz a Penmarke la ribera se ahuma,
Y sola contra el viento que arrezaga su pluma,
A través de la racha va errante la gaviota.
Una por una, en ímpetu desordenado rota,
Cada onda glauca empínase bajo su crin de espuma,
Y con sordo trueno pulverizada en bruma,
Empenacha a lo lejos el banco en que rebota.
La onda de mis ideas va corriendo, entre tanto,
Sin que de todo quede, sueño esperanza, encanto,
Mas que la hez amarga del mal que nos devora.
El Océano me ha hablado con una voz hermana
Porque la misma queja que lanza el mar ahora
Va del hombre a los dioses; eternamente vana.
MER MONTANTE
Le soleil semble un phare à feux fixes et blancs.
Du Raz jusqu'à Penmarc'h la côte entière fume,
Et seuls, contre le vent qui rebrousse leur plume,
A travers la tempête errent les goëlands.
L'une après l'autre, avec de furieux élans,
Les lames glauques sous leur crinière d'écume,
Dans un tonnerre sourd s'éparpillant en brume,
Empanachent au loin les récifs ruisselants.
Et j'ai laissé courir le flot de ma pensée,
Rêves, espoirs, regrets de force dépensée,
Sans qu'il en reste rien qu'un souvenir amer.
L'Océan m'a parlé d'une voix fraternelle,
Car la même clameur que pousse encor la mer
Monte de l'homme aux Dieux, vainement éternelle.
FLORIDUM MARE
Desbordando el rebajo matizado, la mies,
Al soplo de la brisa, flota, ondula o se atersa;
Y en lo azul perfilándose, alguna rastra inversa
Finge un barco que boga y alza un negro bauprés.
La mar, hasta el ocaso, tendiéndose a mis pies,
Cerúlea, rosada, violeta, diversa,
O blanca de carneros que el reflujo dispersa,
Como un inmenso prado verdeguea después.
Bandadas de gaviotas siguiendo la marea,
Hacia el trigo maduro que en áureo rizo ondea,
Iban remolinando, gárrulas y gozosas;
Mientras desde la tierra, la brisa perfumada
Esparcía al capricho de su embriaguez alada,
Sobre la mar florida, vuelos de mariposas.
FLORIDUM MARE
La moisson débordant le plateau diapré
Roule, ondule et déferle au vent frais qui la berce ;
Et le profil, au ciel lointain, de quelque herse
Semble un bateau qui tangue et lève un noir beaupré.
Et sous mes pieds, la mer, jusqu'au couchant pourpré,
Céruléenne ou rose ou violette ou perse
Ou blanche de moutons que le reflux disperse,
Verdoie à l'infini comme un immense pré.
Aussi les goëlands qui suivent la marée,
Vers les blés mûrs que gonfle une houle dorée,
Avec des cris joyeux, volaient en tourbillons ;
Tandis que, de la terre, une brise emmiellée
Éparpillait au gré de leur ivresse ailée
Sur l'Océan fleuri des vols de papillons.
LOS CONQUISTADORES
Como halcones que dejan el páramo natal,
Hartos de su arrogante miseria y de sus penas,
Jefes y nautas, desde Palos y Cartagenas,
Partían ebrios de una fiebre heroica y brutal.
Iban a la conquista del mágico metal
Que el remoto Cipango madura en áureas venas,
Y los vientos alisios doblaban sus antenas
Al borde misterioso del mundo occidental.
Soñando cada noche con épicas mañanas,
El remusgo fosfórico de las ondas lejanas
Encantaba sus sueños con dorado espejismo;
O echados al avante, desde sus carabelas
Miraban, atisbando las ignotas procelas,
Alzarse las estrellas del fondo del abismo.
LES CONQUÉRANTS
Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal,
Fatigués de porter leurs misères hautaines,
De Palos de Moguer, routiers et capitaines
Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal.
Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde Occidental.
Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ;
Ou penchés à l'avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.
EL ARRECIFE DE CORAL
El sol bajo el mar tiñe con misteriosa aurora
La selva del abisio coral cuyos macizos
Ramos mezclan en la hoya de los fondos calizos
El animal florido con la viviente flora.
Todo cuanto de sales o yodos se colora,
Musgos, vellosas algas, anémonas, erizos,
Cubre de densa púrpura, con magníficos rizos,
El suelo que la pálida madrépora elabora,
Apagando el esmalte de sus vivas escamas,
Un gran pez al acecho navega entre las ramas
Y en la acuática sombra pasea su indolencia;
Cuando, en brusco esguince que en luz su aleta escalda
Por la azul, adormida en inmóvil transparencia
Dilata un temblor de oro, de nácar y esmeralda.
LE RÉCIF DE CORAIL
Le soleil sous la mer, mystérieuse aurore,
Éclaire la forêt des coraux abyssins
Qui mêle, aux profondeurs de ses tièdes bassins,
La bête épanouie et la vivante flore.
Et tout ce que le sel ou l'iode colore,
Mousse, algue chevelue, anémones, oursins,
Couvre de pourpre sombre, en somptueux dessins,
Le fond vermiculé du pâle madrépore.
De sa splendide écaille éteignant les émaux,
Un grand poisson navigue à travers les rameaux ;
Dans l'ombre transparente indolemment il rôde ;
Et, brusquement, d'un coup de sa nageoire en feu
Il fait, par le cristal morne, immobile et bleu,
Courir un frisson d'or, de nacre et d'émeraude.
TRADUCCIONES DE LEOPOLDO LUGONES
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A Claudius Popelin
Dans le cadre de plomb des fragiles verrières,
les maîtres d'autrefois ont peint de hauts barons
et, de leurs doigts pieux tournant leurs chaperons,
ployé l'humble genou des bourgeois en prières.
D'autres sur le vélin jauni des bréviaires
enluminaient des Saints parmi de beaux fleurons,
ou laissaient rutiler, en traits souples et prompts,
les arabesques d'or au ventre des aiguières.
Aujourd'hui Claudius, leur fils et leur rival,
faisant revivre en lui ces ouvriers sublimes,
a fixé son génie au solide métal;
c'est pourquoi j'ai voulu, sous l'émail de mes rimes,
faire autour de son front glorieux verdoyer,
pour les âges futurs, l'héroïque laurier.
Le tepidarium
Escrito en relación a la obra de Théodore Chassériau
La myrrhe a parfumé leurs membres assouplis;
elles rêvent, goûtant la tiédeur de décembre,
et le brasier de bronze illuminant la chambre
jette la flamme et l'ombre à leurs beaux fronts pâlis.
Aux coussins de byssus, dans la pourpre des lits,
sans bruit, parfois un corps de marbre rose ou d'ambre
ou se soulève à peine ou s'allonge ou se cambre;
le lin voluptueux dessine de longs plis.
Sentant à sa chair nue errer l'ardent effluve,
une femme d'Asie, au milieu de l'étuve,
tord ses bras énervés en un ennui serein;
et le pâle troupeau des filles d'Ausonie
s'enivre de la riche et sauvage harmonie
des noirs cheveux roulant sur un torse d'airain.
Andromède au Monstre
La Vierge Céphéenne, hélas! encor vivante,
liée, échevelée, au roc des noirs îlots,
le lamente en tordant avec de vains sanglots
la chair royale où court un frisson d'épouvante.
L'Océan monstrueux que la tempête évente
crache à ses pieds glacés l'âcre bave des flots,
et partout elle voit, à travers ses cils clos,
bâiller la gueule glauque, innombrable et mouvante.
Tel qu'un éclat de foudre en un ciel sans éclair,
tout à coup, retentit un hennissement clair.
ses yeux s'ouvrent. L'horreur les emplit, et l'extase;
car elle a vu, d'un vol vertigineux et sûr,
se cabrant sous le poids du fils de Zeus, Pégase
allonger sur la mer sa grande ombre d'azur.
Le ravissement d'Andromède
D'un vol silencieux, le grand Cheval ailé
soufflant de ses naseaux élargis l'air qui fume,
les emporte avec un frémissement de plume
à travers la nuit bleue et l'éther étoilé.
Ils vont. L'Afrique plonge au gouffre flagellé,
puis l'Asie... un désert... le Liban ceint de brume...
et voici qu'apparaît, toute blanche d'écume,
la mer mystérieuse où vint sombrer Hellé.
Et le vent gonfle ainsi que deux immenses voiles
les ailes qui, volant d'étoiles en étoiles,
aux amants enlacés font un tiède berceau;
tandis que, l'oeil au ciel où palpite leur ombre,
ils voient, irradiant du Bélier au Verseau,
leurs Constellations poindre dans l'azur sombre.
Persée et Andromède
Au milieu de l'écume arrêtant son essor,
le Cavalier vainqueur du monstre et de Méduse,
ruisselant d'une bave horrible où le sang fuse,
emporte entre ses bras la vierge aux cheveux d'or.
Sur l'étalon divin, frère de Chrysaor,
qui piaffe dans la mer et hennit et refuse,
il a posé l'Amante éperdue et confuse
qui lui rit et l'étreint et qui sanglote encor.
Il l'embrasse. La houle enveloppe leur groupe.
Elle, d'un faible effort, ramène sur la croupe
ses beaux pieds qu'en fuyant baise un flot vagabond;
mais Pégase irrité par le fouet de la lame,
à l'appel du Héros s'enlevant d'un seul bond,
bat le ciel ébloui de ses ailes de flamme.
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