PEDRO ROSA BALDA
Pedro Rosa Balda, (Ecuador). Reside en Francia, país en el que ejerce la docencia y la traducción. Es autor de los poemarios "Veladuras" (Editorial "El Conejo" Quito, 2007) y "Uves como cuervos" ("El Ángel Editor" Quito, 2013). Se dedica también a la pintura y a la fotografía.
Pedro Rosa Balda, (Équateur). Poète, peintre, photographe et Professeur. Il réside à Manta et à Paris, ville où il est Professeur d'espagnol et de traduction. Auteur des recueils de poésie Veladuras (Éditions "El Conejo" Quito, 2007) et Uves como cuervos (Éditions "El Ángel" Quito, 2013).
Quelues extraits de son recueil Uves como cuervos :
(traduction de Rémy Durand et de l'auteur)
Poeta, como tú quise pasarme a limpio,
ponerme en claro, dar a luz
mi incertidumbre.
•
Poète, comme toi, j'ai voulu me mettre au propre,
me mettre au clair, donner le jour
à mes incertitudes.
***
Yaces al fondo de la hoja sudario,
insecto boca arriba, mimo del papel,
sin saber cuál mama de la noche apretar
para que mane el verbo y te puedas
abrevar hasta la saciedad.
Pienso en el cantor afásico, en el poeta artrítico
muriéndose de sed junto a la fuente.
Tu escritura : tu despedida.
•
Tu gis au fond de la feuille linceul,
insecte renversé, mime du papier,
sans savoir quelle mamelle de la nuit presser
pour que le verbe jaillisse et que tu puisses
t'abreuver jusqu'à la satiété.
Je pense au chanteur aphasique, au poète arthritique
qui meurt de soif au pied de la source.
Ton écriture : tes adieux.
***
Si escribes sangras, si no escribes sangras ;
en cada palabra tuya, en cada silencio tuyo
se escucha un grito :
tu musa no es un ángel sino un tábano
o una mantis religiosa.
•
Tu écris, tu saignes, tu n'écris pas, tu saignes ;
à chacun de tes mots, à chacun de tes silences
on entend un cri :
ta muse n'est pas un ange mais un taon
ou une mante religieuse.
***
Con esta vida demasiado quieta, demasiado
llana, no escribirás nunca el Poema.
Debes arder, pero careces de fuego.
¿ cómo encender la llama del Poema
si no con tu cuerpo, con tu alma ?
Se te acusará de haber ennegrecido vanamente hojas.
(tu mejor página : una página en blanco)
•
Avec cette vie trop calme, trop banale
tu n'écriras jamais le Poème
Tu dois brûler, mais tu manques de feu.
Comment allumer la flamme du Poème
autrement qu'avec ton corps, qu'avec ton âme ?
On t'accusera d'avoir noirci des feuilles vainement.
(ta meilleure page : une page blanche).
***
Tu monstruosidad proviene sin lugar a dudas, del hecho
de haber permanecido al asedio de las palabras, de haber vivido
en sus inmediaciones sin haber conseguido jamás alcanzarlas.
•
Ta monstruosité nait à n'en pas douter du fait
que tu es resté à l'affût des mots, que tu as vécu à leur proximité
sans avoir réussi jamais à les atteindre.
***
La eventualidad de que escribir sea para lo único que sirvas;
la eventualidad de que lo que escribas no sirva.
•
Il est possible que tu ne sois bon qu'à écrire ;
il est possible que ce que tu écris ne serve à rien.
***
No culpes a la escritura de tu falta de sentido,
no la hagas responsable de tu irrealidad : sé absurdo
de manera discreta, sin aspaviento.
•
Ne blâme pas l'écriture de tes insuffisances,
ne la rends pas responsable de ton irréalité : sois absurde
discrètement, sans affectation.
***
El arte no salva ni justifica al hombre,
simplemente lo disculpa.
•
L'art ne sauve ni ne justifie l'homme,
il ne fait que l'excuser.
***
Advierte que ninguna obra se termina nunca, que el arte
será siempre una herida abierta (a menudo purulenta),
un grito, el grito más desgarrador del hombre.
•
Constate qu'aucune œuvre ne se termine jamais, que l'art
sera toujours une blessure ouverte (souvent purulente),
un cri, le cri le plus déchirant de l'homme.
***
Va a amanecer con las misma voces dentro.
¿Quién no se calla nunca?
¿Quién sigue restregando brasas ardientes
sobre los parietales resecos?
En una pizarra rota de la infancia escribe:
"La noche cruje"
•
Le jour va se lever avec les mêmes voix intérieures
Qui jamais ne se tait ?
Qui ne cesse de brasser des braises
sur les pariétaux desséchés ?
Sur un tableau noir brisé de l'enfance il écrit :
« la nuit grince ».
***
¡ Qué canto tan cruel el de la belleza !
Cantabas bajo los aplausos
de los ausentes.
Cantabas e iban hacia tu corazón
los sanatorios, los cementerios, la pesadumbre
de los arrabales.
•
Quel chant si cruel que celui de la beauté !
Tu chantais sous les applaudissements
des absents ;
Tu chantais et allaient vers ton cœur
les sanatoriums, les cimetières, la lourde tristesse
des banlieues.
***
Estuvo en mi cuerpo, lo oí murmurar una palabra mía.
Miró con mis ojos : aquélla no era mi mirada, aquéllos no eran mis colores.
Me mostró el lugar donde los lirios aprendían a vadear miedos.
Mojó sus pinceles en los jugos de mi corazón.
•
Il a habité mon corps, je l'ai entendu murmurer l'une de mes paroles.
Il a regardé avec mes yeux : ce n'était pas mon regard, ce n'étaient pas mes couleurs.
Il m'a montré l'endroit où les iris apprenaient à traverser, à gué, la peur.
Il a plongé ses pinceaux dans les jus de mon cœur.
***
Trajinar de tu pensamiento
en mi pensamiento :
mide aire, se clava espinas,
de pronto se pone a pensarme con mi pensamiento.
•
Va-et-vient de ta pensée
dans ma pensée :
Elle mesure l'air, s'enfonce des épines.
Soudain avec ma pensée elle me pense.
***
Huye por mí, parecido al esqueleto de un filósofo ;
escarba en mis adentros,
se mueve como un huracán enfermo, como un animal
al que le han inoculado de repente,
toda la historia del ser humano.
•
Il fuit à travers moi, semblable au squelette d'un philosophe ;
il fouille mes entrailles,
il se déplace comme un ouragan malade, comme un animal
à qui on a inoculé soudain
toute l'histoire de l'être humain.
***
Posa tus palabras sobre las hilas,
prueba el silencio de las torundas,
liba el agraz de mi melancolía,
¡ que nuestro amor sea !
•
Pose tes paroles sur les bandages
goûte le silence des pansements,
lèche l'amertume de ma mélancolie,
Que notre amour soit !
***
Las moscas del último invierno ofician
en pleno verano, la ceremonia de nuestro celibato.
Sobre los altares gualdos no hay dios.
•
Les mouches du dernier hiver célèbrent, en plein été,
la cérémonie de notre célibat.
Sur les autels dorés il n'y a pas de dieu.
***
Ciertas noches, depositaba su cuerpo al fondo de una zanja,
lo recubría con hierbas de otoño (a pesar del verano), moría.
Dejaba que la lluvia abrevara sus coronas de zarzas y gusanos,
que olas de insectos negros penetraran en su corazón, rastrearan su silencio ;
después venían los relámpagos, los remolinos de hojas muertas
y por fin, nuevamente la calma ;
la letanía de las cigarras lo hacia volver a la vida : lo sé
por haber sido tantas veces él durante aquellas ceremonias.
•
Certaines nuits, il déposait son corps au fond d'une tranchée,
il le recouvrait d'herbes d'automne (malgré l'été) et il mourait.
Il laissait la pluie abreuver ses couronnes de ronces et des vers,
des vagues d'insectes noirs pénétrer dans son cœur, ratisser son silence ;
ensuite venaient les éclairs, les tourbillons de feuilles mortes
et enfin, le calme à nouveau ;
la litanie des cigales lui redonnait la vie : je le sais
pour avoir été si souvent lui pendant ces cérémonies.
***
I
Mi nombre es femenino, mi apellido masculino
o viceversa,
no sé cuánto tenga del hombre,
cuánto de la mujer, cuánto
del hermafrodita.
Mi estar no está, mi ser no es, mi ir se ha ido,
mi saber no sabe;
el alma la perdí al nacer, al caer en la trampa ;
yo revolotea, va de un desconocido a otro,
tiene problemas congénitos de visibilidad,
de consistencia,
está hecho de apagones más o menos largos,
de cortes más o menos profundos ;
le duele el esfuerzo por acercarse o alejarse de mí,
por ir de una ausencia de mí a otra ausencia de mí,
por estar encima/al lado/dentro de mí...sin mí.
II
No hay nadie en el miradero,
un desierto cabe en el óvalo
asomado al espejo,
un jirón de oscuridad, una pirueta vacía.
Las fiebres y las noches han desleído los rasgos, las señales
y la memoria lisa, opaca, zigzaguea
a tientas por los campos desolados de la mente.
No hay nadie en el miradero,
imprimo gestos sobre un espejo alzaimico,
mi reflejo está cansado de mí y de sí mismo.
Miradero : moridero.
III
Hora hueca.
Sinfonía de alambres.
Nudos de viento salido de las prisiones.
Faros enloquecidos por las circunvoluciones de la noche.
La luz restriega sobre los escaparates
la improbabilidad de un rostro: ¡forma,
¡ te pareces demasiado al monstruo de mis pesadillas !
¿ también tú te vas a poner a sufrir dentro de mí ?
•
I
Mon prénom est féminin, mon nom est masculin
ou vice-versa,
Je ne sais quelle est ma part d'homme,
ma part de femme,
ma part d'hermaphrodite.
Je suis là sans y être, mon être n'est pas, mon aller s'en est allé,
ce que je sais ne sait pas ;
Mon âme j'ai l'ai perdue à ma naissance,
quand je suis tombé dans le piège ;
je voltige, il va d'un inconnu à un autre,
il souffre d'invisibilité congénitale,
d'inconsistance ;
il est fait de courts-circuits plus ou moins longs,
d'entailles plus ou moins profondes ;
l'effort pour s'approcher ou s'éloigner de moi
pour aller d'une absence à une autre absence de moi
pour être sur/à côté/dans moi... sans moi
lui fait mal.
II
Il n'y a personne dans le miroir,
dans l'ovale qui s'y reflète
il y a tout un désert,
un lambeau d'obscurité, une pirouette vide.
Les fièvres et les nuits ont dilué les traits, les marques
et la mémoire lisse, opaque, zigzague
à tâtons dans les champs désolés de l'esprit.
Il n'y a personne dans le miroir,
j'y imprime des gestes alzaïmiques
mon reflet est las de moi-même et de lui-même.
Miroir : mouroir.
III
Heure creuse.
Symphonie de barbelés.
Nœuds de vent échappé des prisons.
Phares que les tourbillons de la nuit ont rendus fous.
La lumière râcle sur les devantures
l'improbabilité d'un visage : forme
tu ressembles trop au monstre de mes cauchemars !
Toi aussi, te mettras-tu à souffrir à l'intérieur de moi ?
***
¿ Cómo digo equilibrio sin sentir hueco el pie,
sin el peso de andar vacío ?
En cada gesto mío hay un cuerpo a la deriva,
cualquier graffiti puede suprimirme,
cualquier apretón de manos intempestivo,
cualquier nombre pronunciado al azar
al fondo de un callejón sin salida.
He dado un paso adelante para reírme,
dos hacia atrás para llorarme;
he atravesado todos los encuentros,
todas las despedidas: no he sobrevivido,
la cuenta de mis caminatas es negativa.
•
Comment dirais-je "équilibre" sans que je sente le vide sous mes pieds et le poids de mon marcher vain?
Dans chacun de mes gestes il y a un corps à la dérive,
n'importe quel grafitti, n'importe quel
serrement de mains intempestif,
n'importe quel nom prononcé au hasard
au fond d'une voie sans issue peut me défaire.
J'ai fait un pas en avant pour me rire
deux pas en arrière pour me pleurer ;
j'ai traversé toutes les rencontres,
tous les adieux : je n'ai pas survécu,
le bilan de mes errances est négatif.
***
Quitarse el hombre, quedarse solo,
desnudo de hombre y solo,
vestido de desnudez y a menudo
también desnudo de desnudez ;
sombra envuelta en otra sombra envuelta
en otra sombra envuelta en otra sombra,
Matrioska de ceros clavada en lo vacuo,
diminuta como un ácaro por el cuerpo de dios
(que de todas maneras no existe).
•
Oter de soi l'homme, rester seul,
dépouillé d'homme, et seul,
vêtu de nudité et souvent
nu aussi de nudité ;
ombre enveloppée dans une autre ombre elle-même
d'ombre enveloppée
Matrioska de zéros clouée dans le vide, minuscule
comme un acarien sur le corps de dieu
(qui de toute façon n'existe pas).
***
"Los poemas nos enseñan que una cabeza vacía
suena a hueco en cualquier idioma"
William Carlos Williams.
Caído y medio, torcido y medio,
ninguno y medio
(quizá dos hacia abajo);
el 0,001% del 0,001%;
habito el lado poroso, casi invisible
de una cabeza, el sector donde se organizan
las formas de la locura.
Se me ve poco fuera de mí :
permanezco entre las cuatro
paredes de mi pensamiento,
replegado en un puñado de células
enclaustrado en un fuera de lugar, en un
fuera de tiempo
escuchándome pensar.
En mi cabeza roída por las sombras
(la sombra del suicida, la sombra
del animal descuartizado, la sombra
contorsionista, incandescente de la nada)
los pensamientos exudan sus jugos,
negros como las grasas del alma.
Pienso y mi cabeza se ríe de mí...
sería más feliz matándola.
***
•
«Les poèmes nous apprennent qu'une tête vide
sonne creux dans n'importe quelle langue»
William Carlos Williams.
Tombé et demi, tordu et demi,
aucun et demi
(peut être deux vers le bas),
le 0.001% du 0.001% ;
j'habite le côté poreux, presque invisible,
d'une tête, le secteur où s'organisent
les formes de la folie.
On me voit peu hors de moi :
Je demeure entre les quatre murs
de ma pensée,
replié à l'intérieur d'une poignée de cellules,
cloîtré dans un hors lieu , dans un hors temps
à m'écouter penser.
Dans ma tête rongée par les ombres
(l'ombre du suicidé, l'ombre
de l'animal dépecé, l'ombre
contorsionniste, incandescente du néant)
les pensées exsudent leurs jus, noirs
comme les graisses de l'âme.
Je pense et ma tête rit de moi...
Je serais plus heureux en la tuant.
*******
Sobre el traductor:
Rémy Durand. Nace en Caracas en aquella América indo-afro-europea que ha dejado en su vida huellas profundas. Niñez y estudios en Caracas. Sale a los diez años para Francia y de ahí se marcha para África, en Dakar. Maestría en la Universidad de Aix-en-Provence, Francia. Desde 1974 trabaja para la Alianza Francesa, sucesivamente en Colombia, India, Ecuador e Irlanda. De 1995 a 2009, es Director cultural en la "Inspection académique" de la Provincia del Var, en Toulon – Francia. Rémy Durand ha publicado poemarios, ensayos, relatos, novelas cortas, artículos de crítica y ha dado conferencias sobre la poesía francesa y la francofonía. Crítico de arte, crítico literario, ha publicado numerosos artículos en la prensa latino-americana (Colombia, Ecuador). Fundó en 2001 en Toulon – Provincia del Var- Francia) la Asociación Gangotena (organización de encuentros de poetas). Es traductor de poetas latinoamericanos.
Material enviado a Aurora Boreal® por Rémy Durand. Publciado en Aurora Boreal® con autorización de Pedro Rosa Balda y Rémy Durand. Foro Pedro Rosa Balda © Pedro Rosa Balda.
http://www.auroraboreal.net/literatura/poesia/1872-poesia-de-pedro-rosa-balda
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