viernes, 26 de abril de 2013

JOË BOUSQUET [9698]



Joë Bousquet 
(Narbona, 1897 - Carcasona, 1950) fue un poeta francés.
Bousquet resultó herido durante la Primera Guerra Mundial, en la primavera 1918, cuando combatiendo en el frente de Aisne, con 21 años recibió un disparo por parte de tropas alemanas alcanzándole la columna vertebral y dejándolo discapacitado al perder la movilidad de los miembros inferiores. Desde entonces apenás se levantó de su cama, en una casa sita en Carcasona, donde siempre permanecía en una habitación con las contraventanas cerradas y dedicando su vida a escribir poemas. Polimorfo, se consagró en sus escritos tanto a la psicología como a la metafísica, destacando también su faceta en introspección y el uso de los sentimientos, impresiones y alegorías.
Cronista de poesía en los Cahiers del Sud, del llamado "surrealismo mediterráneo", formó parte del "Grupo de Carcasona" dentro de este movimiento, permaneciendo en contacto constante con otros conocidos miembros como René Nelli, Paul Éluard y Max Ernst.
Actualmente, la que fue su casa en Carcasona es un museo dedicado a su memoria.


Bibliographie

Aux éditions Rougerie

Note-book, 1983
Le Sème-chemin, 1981
Langage entier, 1981
À Max-Philippe Delatte, 1981
Notes d’inconnaissance, 1981
Isel, Rougerie, 1979
Le Bréviaire bleu, Rougerie, 1978
La Romance du seuil, 1976
Lettres à Carla Suarès, 1973
Lettres à Jean Cassou,  1970
Le Pays des armes rouillées, 1969


Chez d’autres éditeurs

Le Cahier noir, La Musardine, 1997 ; Albin Michel 1996
Les Capitales, collection Deyrolle, 1996
Le Galant de neige, Fata Morgana, 1995
Un amour couleur de thé, Gallimard, 1993 ; Verdier 1984 (épuisé)
Deux lettres à un ami, Sables, 1991
Le Meneur de lune, Albin Michel, 1989
Deux lettres à Lucie Lauze, Sables, 1988
Exploration de mon médecin, Sables, 1988
La Nacre du sel, J. M. Savary, 1988
Un amour couleur de thé,  Verdier 1984 (épuisé)
D’un regard l’autre, Verdier 1982
Papillon de neige, Verdier 1980
Lumière, infranchissable pourriture et autres essais sur Jouve, Fata Morgana, 1987
Œuvre romanesque complète (vol. 4), Albin Michel, 1984
Œuvre romanesque complète (vol. 3), Albin Michel, 1982
La Connaissance du soir, Gallimard, 1981
Lettres à Magritte, Talus d’approche, 1981
Le Médisant par bonté, Gallimard, 1980
Œuvre romanesque complète (vol. 2), Albin Michel, 1979
Œuvre romanesque complète (vol. 1), Albin Michel, 1979
Lettres à Marthe, Gallimard, 1978
Le Roi du sel, Albin Michel, 1977
Lettres à Stéphane et à Jean, Albin Michel, 1975
Mystique, Gallimard, 1973
Lettres à poisson d’or, Gallimard, 1967
Traduit du silence, Gallimard, 1941








            Anotaré el color de estas impresiones; a quienes me lean les haré partícipes de su sabor. Diré cómo la belleza de las cosas las hace reales. Deja de escandalizar a los espíritus positivos, declararé que esa belleza me parece la condición de su existencia, como si, entre ella y mi mirada, mi ser y el suyo, se hubiesen forjado demasiado tarde.

            Amar, o sea, estar ausente de sí mismo; descubrir la verdad de la propia vida en la presencia de lo inalcanzable. He conocido estas sensaciones antes; las encuentro más fuertes, más ligadas, en el futuro, a enfermedades cardiacas. Durante todo el día, en mi corazón grande y loco surge una vida de la que sólo percibo el eco mezclado con lo que no me hará olvidar mi amor. ¡Si sólo fuera el amor de alguien! ¿Pero creería en la sinceridad de estos, de estas que aspiraban a compartirlo conmigo?

   El amor con sus alas de cólera….

            Dulzura de inventar una vida para los que nos hacen el favor de olvidar su ser por nosotros… Si ella fue para mí el olvido de lo real, ¿no sabría yo prolongar por ella el encantamiento que me ha proporcionado? Así habla el hombre, en el silencio, en la soledad; y su palabra consagra su impotencia y la inanidad de su aspiración a la belleza. Con la apariencia de un sueño aún por realizar, solamente ha entrevisto su debilidad y la esperanza de conocerse con lágrimas. No hay nada, el deseo de profundizar esta nada, de sondear la nada en la contemplación de todas las cosas.

            He cambiado. Todo mi ser se estremece y se revela en mi pensamiento y el temblor anuncia con palabras auténticas que soy mortal. Las preocupaciones que me abrumaban se resuelven: mi desesperación de siempre sólo era un modo de pensar en la unión conmigo mismo; y este horror que no deja de inspirarme se aleja como una sombra al umbral de una vida donde me adentro. El tiempo no está ya en los proyectos: el acto de escribir es una alegría, el único acercamiento posible a lo que jamás se encuentra en este mundo. Escribo sin parar, evito que el tiempo me revele que, en mi corazón, no está la pulsación de mi amor.

Del libro Traduit du silence, nrf, Gallimard 1980


(Joë Bousquet, 1897-1950, poeta francés al que una tentativa de suicidio en combate, en la "gran" guerra, le dejará paralizado medio cuerpo para el resto de su vida. Nunca más saldrá de su habitación. Se dedica totalmente a escribir. Surrealista él mismo, será amigo de Paul Eluard y Max Ernst. Traduit du silence se publicó originariamente en 1941)

Traducción y nota de M. J. Romero





Les morts se voient en rêve : mais on dirait qu'au-delà de la tombe ils ont continué à vieillir. Les morts nous quittent, ils vont mourir ailleurs. (Sème-chemins)

Nous ne sommes pas doubles, nous vivons
deux vies à la fois; et l'une est une vie en enfance,
l'autre la déchéance de la vie, avec la vieillesse
de l'un opprimant l'enfance de l'autre.
Elle était aussi jalouse que lui de son corps.
Elle osait à peine le regarder elle-même à cause
de mille égratignures qui en accentuaient la blancheur et défendaient qu'elle le montrât même à
un masseur. Ceux qui vivaient sous le même toit
que lui ne connaissaient que ses manières et le
réputaient à la fois indifférent et coléreux, instable et vindicatif. Sa mère, qui l'aimait comme
il était, rapportait que dans son enfance on l'avait
surnomme l'homme-chien.
Pourquoi avait-il appelé son amie la Plus que
Blanche ? Il n'a jamais voulu donner ses raisons.
On ne sut jamais s'il était sensuel, on jaloux, ou
despote, ou infâme. Que veut dire la Plus que
Blanche. Il était un homme si épris et aimé d'une
femme si bonne qu'elle cachait sur son corps mille
égratignures qui faisaient sa chair plus éclatante
et bien plus secrète : on n'a jamais su s'il la préférait ainsi ou s'il prévoyait ainsi qu'elle ne se
montrerait à personne. Il la voit si belle qu'il voudrait enfermer ses regards dans une cachette souterraine.

Il craint pour ses yeux la clarté du jour
et il aime la Plus que Belle comme si elle était
ses yeux.




A prix d’ombre

Loin des autres, il se trouble. La solitude l'effraie,
elle lui apprend qu'un homme n'est jamais seul.
Il se salit dans un duel sans adversaire dont la
fatigue corrompt les traits qu'on lui voit. Sueur
et souillures, il a le goût du mal qu'il fait et n'a
même pas le mal dans le sang.

On l'a rencontré nu-tête, couvert de sciures et
de salives, il courait en hésitant, les yeux vides.
Personne ne reconnaît les chemins où il s'est
perdu. Il veut être partout à la fois comme pour
y devancer quelque espérance. Vêtu à tâtons dans
sa hâte de gagner la rue avant l'aube ; il ne voit
pas plus le jour que s'il en était la chute. Avec la
fureur d'exister, il ne craint rien autant que d'apparaître.

Il fuit la lumière parce que la lumière lui ressemble ;

et, lui-même, il est né de cette ressemblance.
Pourquoi se masquerait-il, à tout ce qui s'enfonce,
ce lutteur est lié par la haine de ce qui grandit. A
peine seul, il sent une menace ; il se cherche, ne
se trouve personne. Il retrouve sa vie et elle se
passe de lui. S'il veut courir son existence lui fait
obstacle.

Marche, on dirait qu'il va faire beau.
Rivage ou rocher, lave du flot ou la pierre à ton cou, même
un baiser des mers, tout ce qui prend une forme
se pénètre d'un devoir.

Tu as craint l'eau dont on n'apercevait pas le fond
et les endroits où le jour s'était noyé pour te donner tes jours.

Pleure, pleure ta nuit blanche de larmes, tu portes ton
mal sur le visage et le matin que tu déchires est
entré dans ton cœur.

Pleure, forme qui brille sur l'ombre humaine
que tu es, tes yeux pleurent une autre clarté de
qui ton visage et ton corps promènent l'ombre
tremblante.








L'oreille est un coquillage si difficile, là, les
chansons craquent comme l'étincelle du sang
dans le cheveu d'une tresse noire.
C'est le sort le plus doux que d'être une
veine de minerai dans la ténèbre... et cette vaste
odeur de nuit parmi les ronces et les genêts du
plateau nu.
Manger la mort... Enfant, m'a dit la Mort.
tu M'as brûlé la bouche avec ton charbon.
et tout le poids de tes montagnes m'est passé
dans les veines.
Tu m'as donné ces rires que tu avais et une
faim plus étrange que ton plus étrange rêve d'enfance.
Tu vivras bien autant que moi, puissais-je
vivre un de tes jours.

C'était au milieu d'une grande pluie d'automne une maison perdue.
L'instant vécu dans l'irréel est notre étoile.
L'amour hors de la chair.
Quelqu'un la rappelle.
Un autre la poursuit
avec son nom, que le troisième redit pour se souvenir.






Le cœur s’est fermé dans l’amour

Derrière les murs crépis d'ombre, ses trois sœurs
l'attendaient. Elles s'embrasseront avant de l'avoir
vu. Il aimera la plus infidèle il peut s'approcher
d'elle sans l'assombrir.

Ouvre inutilement tes yeux d'eau, tes yeux de
terre. S'ils ont tout vu, ce n'est plus ton regard.
Tout ce qui dépasse l'enfance d'un homme est
déjà passé.

Mais c'est son malheur de savoir que son enfance ne finira pas.

Il la voit partout parce qu'il n'a jamais été un enfant.

Son visage est sur lui, il n'est pas dans son visage.
Rien ne lui donne asile. Ses souvenirs le suivent,
il n'entre pas dans ses souvenirs. Il rôde autour
du jour, autour du noir.

De maigres fleurs lui apparaissent entre des pivoines prêtes à s'écraser.

Le silence cède peu à peu
des murmures l'ont endormi en le cherchant.

Il est sorti du bouquet une fille nue comme la
lame d'une épée.

Tombés plus bas que la nuit, mais un seul non
pour eux deux ; et le souffle du vent sur la terre
dure où s'est enfoncée leur maison.

Tout ce qui chante est entré dans leur sang, en
arracha la nuit et cette nuit d'outre noir a fait
monde qui les éloigne,

et les unit avec la mémoire d'un cœur qui se ferme
dans l'amour.







La rainette du noir

Le soir descend, ne tends pas les bras. N'ouvre pas les mains si l'ombre qui sort des pierres
remonte jusqu'à ta gorge. Laisse cette peur te
gagner : elle est venue de trop loin pour prendre
ta place.
Ton cœur né avant toi, tu as grandi sans lui
et il continue à t'attendre sur le seuil. Tu auras
fait le tour de la maison sans qu'il te voit.
Sa peine épouse la nuit et se mire dans les
jours, frappe les murs avec sa fleur close, écoutée
de la nuit qui ouvre et ferme le ciel au fond de
tes yeux.
Marche dans le vent étiré d'oliviers. La terre
n'entend que des pas, le cœur n'entend que la
terre, il a grandi sans marcher, il a vieilli sans te
trouver, chacune de tes larmes aura coulé pour le
voir.
C'est un peu de ton espoir, ce que les années
en ont perdu. On dirait ton ombre et qu'elle
cherche à se mettre debout. N'appelle personne.
Ton cœur ce n'est pas toi, c'est un enfant qui se
tourmente avec la crainte de tomber.

Quand le jour t'aura chassé de tes yeux.







L’oiseau sans ailes

La lumière se réfléchit dans ses yeux, mais il n'est
pas encore jour. Tu t'es levé trop tôt ; et te voilà.
Ta rue, le matin, ta maison et toi ; mais ce n'était
pas ton regard si cette ville qu'il a tirée du brouillard ne t'a pas recouvert.

Douze cloches d'argent ont sonné sur les eaux
pour le cheval de feuilles et l'oiseau prie-misère
et l'aiguille de nier, douze cloches de fer sonneront aux écluses pour faire place au jour plein de
feuilles cueillies, sonnent pour défleurir sa pâleur
de gisant aux paupières scellées

.Les convois aux péniches de jour, ont dormi sous
la neige. Il ne passerait que des heures, avec leurs
boutons d'or, leurs épines de mai et Rose-au-loin,
la fille rose qui t'effaçait pour t'apparaître.
Cueille la fleur qu'on ne voit pas, la plus fidèle
qu'une étoile. Emporte-la sans être vu.

L'oiseau-cerise est de retour, cheval volant, souliers de
terre.





L’hirondelle blanche

IL ne fait pas nuit sur la terre ; l'obscurité rôde, elle erre autour du noir.
Et je sais des ténèbres si absolues que toute forme y promène une lueur
et y devient le pressentiment, peut-être l'aurore d'un regard.

Ces ténèbres sont en nous. Une dévorante obscurité nous habite.
Les froids du pôle sont plus près de moi que ce puant enfer
où je ne pourrais pas me respirer moi-même.
Aucune sonde ne mesurera ces épaisseurs : parce que mon apparence est dans un espace
et mes entrailles dans un autre ; je l'ignore parce que mes yeux, ni ma voix, ni le voir, ni l'entendre
ne sont dans l'un ni l'autre.

Il fait jour ton regard exilé de ta face
Ne trouve pas tes yeux en s'entourant de toi
Mais un double miroir clos sur un autre espace
Dont l'astre le plus haut s'est éteint dans ta voix.

Sur un corps qui s'argente au croissant des marées
Le jour mûrit l'oubli d'un pôle immaculé
Et mouille à tes longs cils une étoile expirée
De l'arc-en-ciel qu'il draine aux racines des blés.

Les jours que leur odeur endort sous tes flancs roses
Se cueillent dans tes yeux qui s'ouvrent sans te voir
Et leur aile de soie enroule à ta nuit close
La terre où toute nuit n'est que l'ouvre d'un soir.

L'ombre cache un passeur d'absences embaumées
Elle perd sur tes mains le jour qui fut tes yeux
Et comme au creux d'un lis sa blancheur consumée
Abîme au fil des soirs un ciel trop grand pour eux.

Il fait noir en moi, mais je ne suis pas cette ténèbre bien qu'assez lourd
pour y sombrer un jour.
Cette nuit est : on dirait qu'elle a fait mes yeux d'aujourd'hui et me ferme à ce qu'ils voient.
Couleurs bleutées de ce que je ne vois qu'avec ma profondeur,
rouges que m'éclaire mon sang, noir que voit mon cœur...

Nuit du ciel, pauvre ombre éclose, tu n'es la nuit que pour mes cils.

Bien peu de cendre a fait ce bouquet de paupières
Et qui n'est cette cendre et ce monde effacé
Quand ses poings de dormeur portent toute la terre
Où l'amour ni la nuit n'ont jamais commencé.





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